Kinshasa, RDC – En accueillant mardi à Kinshasa la 16e réunion du Conseil des ministres du Commerce de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), le président congolais Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo n’a pas seulement donné le coup d’envoi d’une rencontre diplomatique de haut niveau. Il a surtout saisi l’instant pour inscrire la RDC dans une trajectoire stratégique : celle d’un hub continental, au cœur de la dynamique de transformation économique panafricaine.
Face à une salle comble composée de 54 ministres du Commerce, d’experts de la ZLECAF, de diplomates, et de hauts fonctionnaires africains, le chef de l’État congolais a livré un discours résolument panafricaniste, en plaidant pour l’implantation à Kinshasa des structures permanentes de la ZLECAF. « L’Afrique doit désormais parler le langage du commerce, de la productivité et de la solidarité économique », a-t-il martelé. Un appel clair, qui vise à positionner la capitale congolaise comme carrefour institutionnel de la nouvelle architecture commerciale du continent.
Le pari économique de Kinshasa

La Zone de libre-échange continentale africaine, considérée comme le projet phare de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, vise la création d’un marché unique africain, avec une union douanière à terme, pour stimuler les échanges intra-africains, encore trop faibles (moins de 18 % du total des échanges commerciaux africains en 2023).
Le ministre congolais du Commerce extérieur, Julien Paluku Kahongya, n’a pas caché son optimisme. Selon lui, la RDC, forte de sa diversité minière, de son potentiel agricole et de sa situation géographique stratégique, « a tout à gagner » dans ce mécanisme progressif. Le pays a d’ores et déjà soumis une liste de 6.439 produits éligibles au démantèlement tarifaire prévu dans le cadre de la ZLECAF.
Une mise en œuvre progressive, mais décisive

Certes, la ZLECAF n’est pas encore une réalité palpable pour les populations africaines. Sa mise en œuvre se veut graduelle, prudente, avec une attention particulière portée à la définition des règles d’origine. Mais cette prudence stratégique est la garantie d’une intégration réussie, selon plusieurs experts présents à Kinshasa.
En toile de fond, une question demeure : l’Afrique saura-t-elle transformer ce gigantesque marché en un espace de transformation locale, d’industrialisation inclusive et de prospérité partagée ? Pour Tshisekedi, la réponse est claire : « Oui, si nous avons le courage de l’ambition. »Kinshasa, en accueillant cette réunion, vient de se proposer comme l’une des capitales de cette nouvelle Afrique économique.