Le ton est monté d’un cran dans le bras de fer qui oppose désormais ouvertement le régime de Félix Tshisekedi à son prédécesseur Joseph Kabila. Une source gouvernementale, citée par Jeune Afrique, a levé le voile sur une décision explosive : les fermes de Kingakati et Kashamata, jadis symboles du pouvoir discret mais tentaculaire de l’ancien président, seront transformées en zoos publics, « à la disposition de la population congolaise ».
Le message est sans équivoque. Il s’agit d’une mise au ban symbolique et politique de l’ancien chef d’État, soupçonné d’avoir rompu un « pacte républicain » scellé dans l’ombre à l’issue de la transition pacifique de 2019. « Joseph Kabila a brisé le pacte républicain et s’est disqualifié de son rang d’ancien chef de l’État », a commenté, sous couvert d’anonymat, un haut cadre de l’UDPS, parti présidentiel.
Des fermes devenues symboles de rupture
Kingakati, résidence champêtre et stratégique de Joseph Kabila, incarne aux yeux de nombreux Congolais les années d’opacité et de pouvoir sans partage. En faire un zoo, c’est porter un coup direct à l’image de l’homme qui a dirigé la RDC pendant près de deux décennies. Derrière cette décision, se cache un message fort : il n’y aura plus de place pour la coexistence feutrée entre l’ancien régime et les nouvelles ambitions du pouvoir actuel.
Une guerre ouverte ?
« Il a opté pour la guerre et en paiera les conséquences. Il fera face à la guerre », conclut la source gouvernementale, dans une déclaration qui sonne comme un avertissement à peine voilé. La guerre évoquée n’est pas uniquement politique. Elle est aussi symbolique, territoriale, mémorielle. Elle touche aux fondements du respect entre les anciens et les nouveaux tenants du pouvoir.
Alors que la RDC entre dans une phase politique délicate, marquée par les tensions préélectorales, cette escalade verbale pourrait bien se traduire par des actions concrètes. La transformation des résidences privées en espaces publics relève d’un tournant radical, et sans précédent.
Une transition de plus en plus brutale
L’unité nationale, souvent invoquée mais rarement consolidée, vacille à nouveau. L’UDPS, fort de sa majorité et de son contrôle sur l’appareil d’État, semble vouloir solder les comptes de l’ancien régime. Mais à quel prix ? Si l’objectif est de « mettre les biens mal acquis au service du peuple », la méthode, elle, soulève des inquiétudes sur l’état de la démocratie et la gestion des différends dans une jeune République encore marquée par les cicatrices de conflits passés.
Vers un point de non-retour
En RDC, les symboles ont du poids. Transformer Kingakati en zoo, c’est plus qu’un acte de gestion patrimoniale : c’est une déclaration de guerre politique. Et dans cette guerre qui se profile, nul ne sortira indemne.
