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Mali : le lithium de Bougouni attire l’Afrique entière

C’est une petite révolution silencieuse qui vient de s’installer dans le sud-ouest malien. En validant, ce 16 avril 2025, le transfert du permis d’exploitation de la mine de lithium de Bougouni à une société de droit malien, le Mali ne fait pas que cocher une case administrative. Il entre, à pas fermes, dans le cercle restreint des puissances minières africaines de demain.

Le Conseil des ministres, sous l’œil attentif des hautes autorités de la transition, a entériné ce mercredi la naissance de Les Mines de Lithium de Bougouni S.A., entité locale née de l’alliance entre les ambitions de l’État malien et les appétits industriels internationaux. Une société anonyme aux racines maliennes, mais portée par le souffle stratégique d’un partenariat triangulaire : Kodal Minerals (Royaume-Uni), Hainan Mining (Chine) et les actionnaires nationaux, dont l’État malien à hauteur de 35 %.

Un modèle de souveraineté concertée, dicté par la révision courageuse du Code minier en 2023, imposant désormais la malianisation des permis. Il s’agit là d’un acte fort, un rééquilibrage du jeu minier longtemps dominé par les intérêts extérieurs.

Un gisement convoité, une vision assumée

Le gisement de Foulaboula, dans le cercle de Bougouni, est tout sauf un mirage : 21,31 millions de tonnes de réserves, une teneur moyenne de 1,11 % en oxyde de lithium, et une exploitation à ciel ouvert prévue pour une décennie. Ce joyau souterrain est désormais prêt à être mis à profit dans le respect du protocole d’accord signé avec l’État. 15 millions de dollars d’engagements financiers ont déjà commencé à irriguer les caisses publiques, un avant-goût du potentiel économique de cette ressource.

Mieux encore : l’usine de traitement DMS est opérationnelle depuis février 2025, et les premiers concentrés de spodumène, à 5,53 % de teneur en oxyde de lithium, prennent déjà la route vers la Chine, via le port d’Abidjan. L’Afrique exporte, oui, mais le Mali choisit désormais ses termes.

11 000 tonnes par mois d’ici fin 2025, 125 000 tonnes par an jusqu’en 2028, puis 230 000 tonnes annuelles prévues dès 2026 grâce à une seconde phase basée sur la technologie de flottation : les chiffres donnent le tournis, mais témoignent d’un cap clair. 65 millions de dollars d’investissement initial sont mobilisés pour cette montée en puissance.

Le Mali, sentinelle du lithium ouest-africainAu-delà de Bougouni, le pays regarde déjà vers Goulamina, autre projet stratégique porté par Ganfeng Lithium, géant chinois via sa filiale Lithium du Mali S.A.

Une double locomotive pour hisser le pays au rang de deuxième producteur africain de lithium, derrière la RDC, mais devant des mastodontes en devenir comme le Zimbabwe ou la Namibie.

Les dernières projections de Benchmark Minerals donnent le ton : 14 % de la production africaine de lithium pourrait être malienne d’ici fin 2025. Ce n’est plus un rêve, c’est une équation en marche.

Un nouveau contrat social à écrire

Mais derrière les machines, les chiffres et les flux d’exportation, le défi malien reste humain. Car la réussite de cette aventure lithium ne se mesurera pas seulement en tonnes exportées, mais en emplois créés, infrastructures développées, et surtout équité sociale. Le partage des richesses, cœur battant du nouveau Code minier, devra être plus qu’un vœu pieux : un contrat de confiance entre l’État, les investisseurs et les communautés locales.

Le Mali joue désormais dans la cour des grands. Il lui appartient d’en écrire les règles, non plus en spectateur, mais en stratège. À Bougouni, c’est un minerai qui se creuse, mais c’est surtout une souveraineté économique qui s’extrait des entrailles du sol. Et toute l’Afrique regarde.

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