Journée nationale de la femme : enjeux et implications au Gabon

Un cadre pour l’égalité de genre
La Journée nationale de la femme, célébrée chaque 17 avril au Gabon depuis 2017, est un moment crucial pour évoquer les enjeux de l’égalité de genre. Pour cette année, le thème « L’engagement communautaire pour l’égalité de genre et l’autonomisation des femmes » souligne l’importance de l’implication collective dans la promotion des droits des femmes. Cette journée rappelle les engagements du Gabon envers des conventions internationales, comme la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), adoptée par l’ONU en 1979.
Élodie Diane Fouefoué épse Sandjoh, ministre de la Femme et de la Protection de l’Enfance, a annoncé que les célébrations officielles se dérouleront le 26 avril 2025 à Mouila, dans la province de la Ngounié. Ce choix témoigne de la volonté du gouvernement de décentraliser ces événements et d’engager davantage les femmes des zones rurales, souvent marginalisées dans les discussions sur l’égalité de genre. Toutefois, cette initiative doit s’accompagner d’actions concrètes pour garantir que toutes les femmes, notamment celles des classes populaires, puissent faire entendre leur voix.
Les activités prévues, telles que le lancement d’une campagne nationale sur la participation des femmes à la vie politique, visent à renforcer leur visibilité. L’objectif est d’améliorer leur représentation dans les instances décisionnelles, un aspect fondamental pour réaliser l’égalité de genre.

Les voix des femmes et l’inclusivité
Malgré les initiatives gouvernementales, des critiques émergent concernant l’exclusion des femmes de la classe populaire des célébrations officielles. À Libreville, des commerçantes ont manifesté leur mécontentement face à une approche qui semble privilégier les élites. L’une d’elles a déploré : « À chaque célébration, on ne vient jamais nous chercher dans nos marchés pour participer. C’est toujours entre grandes dames. » Cette situation révèle un écart entre les discours officiels et la réalité des nombreuses femmes.
Ces femmes de la classe populaire revendiquent une meilleure inclusion dans les célébrations et les initiatives qui les touchent. Stella, une autre commerçante, insiste sur l’importance d’un engagement communautaire pour leur autonomisation, appelant à des actions de proximité favorisant l’appartenance et la solidarité. Cette demande d’inclusivité est essentielle : il ne suffit pas de beaux discours, il faut une véritable volonté d’agir.
Les autorités doivent intégrer ces revendications et viser une représentation plus équitable des femmes lors des événements qui leur sont dédiés. Engager des consultations avec les femmes de différentes couches sociales permettrait de mieux comprendre leurs besoins et leurs attentes.

Vers une législation pour l’égalité
Un autre enjeu majeur de la Journée nationale de la femme au Gabon est la nécessité d’une législation qui protège les droits des femmes et favorise leur participation active à la vie politique. Actuellement, ces dernières se voient souvent confiner à des rôles subalternes, utilisées comme instruments de propagande lors des campagnes électorales. Cette réalité est incompatible avec les principes d’égalité et appelle à une intervention législative.
Des experts, à l’instar de Caléopie Ellare, présidente de l’ONG Cri de femme, soulignent que l’émancipation des femmes passe aussi par leur indépendance financière et leur accès à la formation sur leurs droits. L’adoption d’une loi interdisant l’exploitation des femmes dans des rôles décoratifs pourrait les libérer de stéréotypes réducteurs, leur permettant d’accéder à des responsabilités décisionnelles.
De telles mesures renforceraient non seulement la crédibilité du Gabon à l’international, mais dynamiseraient également la démocratie en variant les voix dans le débat public. Elles répondraient à une exigence croissante de la société civile pour une égalité véritable et tangible.
Réflexions et perspectives d’avenir
La Journée nationale de la femme au Gabon représente une occasion essentielle pour évaluer les progrès et les défis liés à l’égalité de genre. Les initiatives gouvernementales, bien que louables, doivent s’accompagner d’une volonté sincère d’inclure toutes les femmes, indépendamment de leur statut socio-économique. Les voix de la classe populaire méritent d’être entendues et intégrées dans le débat sur l’égalité de genre.
De surcroît, l’introduction d’une législation claire visant à protéger les droits des femmes et à promouvoir leur participation active est cruciale. Cela pourrait métamorphoser le paysage politique gabonais, offrant un avenir plus prometteur aux générations futures.
À l’approche de la célébration de la Journée nationale de la femme, il est impératif de se poser la question : comment s’assurer que cette journée ne soit pas qu’une célébration symbolique, mais un véritable catalyseur de changement pour toutes les femmes du pays ? Quelles actions concrètes peuvent être entreprises pour garantir une égalité de genre réelle et durable ? Ces questions méritent d’être approfondies afin de bâtir une société plus équitable et inclusive.