Une diplomatie de la discrétion pour un dossier de braise
L’air de Kinshasa a accueilli mercredi 16 avril, en début de soirée, un hôte dont le nom se murmure désormais avec un brin d’espoir dans les couloirs feutrés de la diplomatie africaine : Faure Essozimna Gnassingbé. Tout juste nommé par l’Union africaine comme médiateur officiel dans le complexe conflit sécuritaire de l’Est de la République Démocratique du Congo, le président togolais poursuit sa tournée éclair par une visite à la capitale congolaise, quelques heures à peine après avoir foulé le sol angolais.

À la résidence présidentielle de la Nsele, le président Félix Tshisekedi a reçu son homologue togolais pour un entretien de près de deux heures. Rien n’a filtré officiellement de cette rencontre. Aucun mot à la presse. Aucun communiqué à l’issue. Juste des images sobres, protocolaires, où les deux hommes affichent des mines studieuses. Mais derrière cette discrétion calculée, c’est un dossier hautement inflammable qui se redessine : celui de la paix dans la région du Kivu, entre promesses de cessez-le-feu et méandres d’un processus de paix à géométrie variable.

Selon une source proche de la présidence congolaise, les deux chefs d’État auraient revisité les piliers du « processus aligné » de Luanda et de Nairobi, mécanisme diplomatique hybride censé baliser la voie vers un désarmement des groupes armés et une restauration durable de l’autorité de l’État dans les zones sinistrées de l’Est. La reprise en main du dossier par Faure Gnassingbé intervient dans un contexte où l’activisme du M23 et les tensions régionales menacent de faire imploser les efforts jusque-là entrepris.

Faure Gnassingbé, dont le profil discret tranche avec les fracas des crises qu’il ambitionne d’éteindre, semble avoir choisi la voie du contact direct, loin des projecteurs. Son ballet diplomatique débuté à Luanda, cœur stratégique du mécanisme, puis poursuivi à Kinshasa, en dit long sur sa volonté de « recoller les morceaux » d’une médiation mise à rude épreuve ces derniers mois.
Reste à savoir si cette diplomatie silencieuse portera ses fruits. Car dans l’Est congolais, les armes parlent plus fort que les promesses. Et la paix, souvent évoquée, se laisse rarement saisir.Mais une chose est sûre : en se rendant rapidement à Kinshasa, Faure Gnassingbé donne le ton. Celui d’un médiateur qui ne perd pas de temps. Un médiateur qui sait que dans les coulisses africaines, la paix est toujours une course contre la montre.