lundi 23 décembre 2024
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Impact de la prise de Rubaya sur l’économie du Nord-Kivu

Une exploitation minière sous contrôle rebelle

La prise du site minier de Rubaya par les rebelles du M23 a radicalement transformé le paysage économique du Nord-Kivu. Ce site, reconnu pour ses vastes réserves de coltan, représente à lui seul 50 % de la production nationale et 80 % des réserves mondiales de ce minerai essentiel pour l’industrie électronique. En contrôlant Rubaya, le M23 a non seulement établi un monopole sur l’exploitation de cette ressource stratégique, mais a également mis en place un système d’exploitation qui profite directement à ses finances.

Les rebelles ont commencé à distribuer des outils aux habitants pour les inciter à creuser des minerais, augmentant ainsi la main-d’œuvre disponible pour l’extraction. Selon Voltaire Batundi, président de la société civile de Masisi, cette stratégie a permis de faire passer le prix du coltan de 30 $ à 70 $ le kilogramme, tout en augmentant le salaire journalier des creuseurs de 10 000 FC à 30 000 FC.

Cette dynamique a motivé de nombreux habitants à s’engager dans l’exploitation minière, malgré les risques associés à travailler sous un régime rebelle.Cette militarisation de l’économie locale soulève des questions éthiques et pratiques. Les revenus générés par cette exploitation illégale alimentent non seulement les caisses du M23, mais renforcent également leur capacité à mener des offensives contre les forces armées congolaises (FARDC).

En effet, les estimations indiquent que le M23 pourrait générer jusqu’à 970 000 USD par mois grâce à l’exploitation de Rubaya, ce qui représente une somme considérable dans un contexte de conflit prolongé.

Conséquences sur le commerce et l’acheminement des minerais

La prise de contrôle de Rubaya a également des répercussions significatives sur le commerce des minerais dans la région. L’occupation de points stratégiques comme Mushaki et Shasha complique l’accès à Goma, rendant difficile l’acheminement des minerais de Masisi et Walikale. Yvette Mwanza, présidente de la chambre des mines du Nord-Kivu, souligne que la fermeture du poste douanier de Bunagana a contraint les exportateurs à passer par le Rwanda et l’Ouganda, augmentant ainsi les coûts d’exportation et réduisant les bénéfices pour les producteurs locaux.

Ce changement dans les routes commerciales a des implications profondes pour l’économie locale. Les coûts supplémentaires liés à l’acheminement des minerais vers des marchés internationaux, combinés à la nécessité de payer des taxes aux rebelles, diminuent les marges bénéficiaires des exploitants miniers. De plus, la dépendance accrue à l’égard des routes rwandaises pour l’exportation des minerais soulève des préoccupations quant à la souveraineté économique de la RDC et à la manière dont les ressources naturelles sont gérées.

Les acteurs économiques locaux, tout en cherchant à tirer profit de la situation, se retrouvent piégés dans un cycle d’exploitation et de dépendance vis-à-vis des groupes armés. La nécessité d’une intervention gouvernementale pour restaurer la paix et la sécurité dans la région est plus pressante que jamais, afin de permettre un retour à une exploitation minière légale et durable.

Appels à l’action et perspectives d’avenir

Face à cette situation alarmante, plusieurs voix s’élèvent pour appeler à une action concertée. Bintou Keita, cheffe de la MONUSCO, a plaidé pour des sanctions internationales contre le commerce illicite de coltan, soulignant que ce commerce alimente non seulement les groupes armés, mais exploite également les populations civiles. Les appels à améliorer la gouvernance des ressources naturelles en RDC se multiplient, avec l’espoir que des réformes puissent être mises en place pour protéger les droits des travailleurs et garantir une exploitation équitable des ressources.Les implications de la prise de Rubaya vont bien au-delà de l’économie locale.

Elles soulignent la nécessité d’une approche globale pour résoudre les conflits en cours dans la région des Grands Lacs. La communauté internationale doit jouer un rôle actif pour soutenir les efforts de paix et de réconciliation, tout en veillant à ce que les ressources naturelles soient gérées de manière responsable et transparente.

En somme, la situation à Rubaya est un microcosme des défis plus larges auxquels la RDC est confrontée. Alors que les rebelles continuent d’exploiter les ressources naturelles pour financer leurs activités, la question demeure : comment la communauté internationale et le gouvernement congolais peuvent-ils travailler ensemble pour mettre fin à ce cycle d’exploitation et restaurer la paix dans cette région riche en ressources ?

https://www.rfi.fr/fr/podcasts/afrique-%C3%A9conomie/20241125-marbre-rdc-le-nord-kivu-perd-le-coltan-des-mines-de-rubaya-sous-contr%C3%B4le-du-m23

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