Dans un monde où les tragédies africaines s’écrivent souvent dans le sang et l’indifférence, une lumière, fragile mais réelle, s’est allumée ce vendredi 25 avril 2025 à Washington. La République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, frères ennemis d’une géopolitique tourmentée, ont posé la plume sur une déclaration de principes aux allures de miracle diplomatique. Le document, signé sous les auspices des États-Unis, ouvre la voie à une paix longtemps attendue dans la région des Grands Lacs, où la violence a trop souvent pris le pas sur la raison.
Quand la diplomatie ose là où les armes échouent

Dans les salons feutrés du département d’État américain, les ministres des Affaires étrangères congolais et rwandais ont scellé un engagement que certains jugeaient encore impossible il y a quelques mois : celui de ne plus soutenir aucun groupe armé opérant sur le territoire de l’autre. Une déclaration claire, limpide, presque utopique dans son ambition, mais portée par une volonté renouvelée de tourner la page.
Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, médiateur de cette rencontre, a salué « un tournant historique pour la paix en Afrique centrale », soulignant que cette déclaration n’était pas une fin, mais « le début d’un processus concret de réconciliation et de développement partagé ».
Une paix qui s’écrit après la rupture

Ce rapprochement intervient après une période de fortes tensions. En janvier 2025, Kinshasa rompait ses relations diplomatiques avec Kigali, accusant le Rwanda de soutien actif aux rebelles du M23, auteurs de massacres et d’exactions dans l’est de la RDC. La frontière entre les deux pays, déjà poreuse, était devenue un théâtre de méfiance, de haine et de représailles silencieuses.
Il aura fallu des mois de médiation patiente, menée par des acteurs tels que l’Angola, le Qatar et les États-Unis, pour rapprocher les deux capitales. Washington, en particulier, a su manier à la fois la carotte diplomatique et la promesse économique pour contraindre les deux puissances régionales à dialoguer.
Le sous-sol congolais, pièce maîtresse du jeu

Car derrière les mots, il y a les mines. Cobalt, cuivre, lithium : les entrailles congolaises regorgent des minerais les plus convoités du XXIe siècle. Et dans le nouveau découpage du monde multipolaire, les États-Unis entendent sécuriser ces approvisionnements face à la domination chinoise. Ce n’est donc pas un hasard si l’accord signé prévoit aussi des engagements en matière de développement économique et d’investissements dans des projets extractifs. Le deal est clair : paix contre prospérité partagée.
Vers un accord de paix complet

La déclaration de ce vendredi n’est qu’un prélude. Les deux pays se sont donné jusqu’au 2 mai pour formaliser un accord de paix complet. Un mécanisme de coordination sécuritaire conjoint verra le jour, destiné à surveiller les frontières, démanteler les milices transfrontalières et restaurer la confiance entre deux peuples meurtris par la guerre.
Lueur d’espoir dans une région éprouvée
Cette signature a ravivé l’espoir dans des villes comme Goma, Bukavu ou Rubavu, où la population, otage d’un conflit interminable, rêve d’un quotidien sans tirs ni déplacements. Mais la prudence reste de mise. De nombreux accords ont été signés et brisés dans le passé. Pour que celui-ci tienne, il faudra plus que des mots : des actes, de la sincérité, et le courage de choisir la paix, chaque jour.
Une promesse à tenir
Pour l’Afrique des Grands Lacs, cette déclaration de Washington pourrait être l’acte fondateur d’une ère nouvelle. Une ère où les dirigeants choisissent enfin de bâtir plutôt que de détruire. Une ère où les ressources du continent nourrissent les peuples plutôt que les conflits. Une ère où l’Afrique raconte elle-même son histoire – non plus comme un champ de ruines, mais comme une terre de réconciliation.
Et peut-être, un jour, les enfants de Goma et de Kigali joueront ensemble, sans peur, au bord du lac Kivu. Ce jour-là, l’Afrique aura tenu parole.