Le 12 avril dernier, le Gabon a écrit une page historique de son destin avec l’élection présidentielle de Brice Clotaire Oligui Nguema, un scrutin jugé transparent et salué par de nombreux observateurs comme un modèle de transition maîtrisée. Une réussite qui contraste avec les propos récemment tenus par le président français Emmanuel Macron sur les transitions africaines, lors d’une interview accordée à TV5 Monde Afrique. Si l’on pouvait s’attendre à une appréciation nuancée des dynamiques africaines, le président français a plutôt livré une vision manichéenne, aux relents paternalistes, qui trahit une méconnaissance – ou un refus assumé – des réalités du continent.
Le Gabon : une transition menée avec exemplarité

Depuis le renversement pacifique du régime Bongo par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) le 30 août 2023, le général-président Brice Clotaire Oligui Nguema a su imprimer un style de gouvernance fondé sur l’écoute, le dialogue et la réforme. À travers un dialogue national inclusif historique, des consultations avec toutes les couches de la population et l’annonce d’un calendrier électoral transparent, le Gabon a démontré qu’une transition militaire pouvait déboucher sur une refondation démocratique et participative.
Le scrutin du 12 avril, qui a vu l’accession du général Oligui Nguema à la magistrature suprême avec le soutien populaire, a constitué une étape décisive vers la normalisation. Loin d’un simple « retour à l’ordre constitutionnel », cette élection a été l’aboutissement d’un processus où la volonté du peuple gabonais a été respectée, dans la transparence et sans ingérence. Un contraste saisissant avec certaines démocraties occidentales, où le populisme et la désinformation fragilisent les institutions.
Macron : une lecture biaisée et sélective de l’Afrique

Dans son intervention sur TV5 Monde Afrique, Emmanuel Macron a ostensiblement salué la trajectoire du Gabon, tout en lançant une pique à l’encontre des pays du Sahel – Mali, Burkina Faso, Niger – qu’il accuse de ne pas être « pressés » d’organiser des élections libres. Une déclaration qui, au-delà de la posture diplomatique, révèle une logique de « bons élèves » et de « mauvais élèves », sur fond d’intérêts géopolitiques et de ressentiment face à la perte d’influence française dans la région.
Mais comment Macron peut-il comparer les contextes sahéliens, marqués par l’insécurité chronique, les attaques terroristes, les sanctions économiques et le rejet populaire de la Françafrique, avec la situation plus stable du Gabon ? Cette vision réductrice ignore les spécificités, les défis et les aspirations des peuples sahéliens. Elle insulte leur intelligence et leur résilience.
Une leçon de souveraineté venue d’Afrique

En vérité, ce que le président français peine à accepter, c’est que l’Afrique s’émancipe de ses anciens schémas. Les transitions en cours – qu’elles soient au Gabon ou au Sahel – sont d’abord et avant tout des expressions d’un besoin profond de justice, de souveraineté et de refondation nationale. Les peuples africains ne veulent plus être les élèves d’une école coloniale déguisée, mais les architectes de leur propre destin.
Brice Clotaire Oligui Nguema, en homme d’État moderne, ne s’inscrit pas dans une logique de défiance vis-à-vis de l’Occident, mais dans une dynamique de redressement national, de construction d’un avenir plus inclusif, plus fort, et plus souverain. Et c’est précisément cette approche équilibrée, enracinée dans la réalité du pays, qui doit servir de modèle, loin des jugements à l’emporte-pièce de dirigeants étrangers en quête de repères.
Conclusion : une Afrique en marche, non à genoux

Si l’Afrique avance, c’est par la force de ses peuples, de ses leaders lucides et de ses transitions courageuses. Louer le Gabon tout en méprisant le Sahel, c’est refuser de voir que chaque pays suit sa propre voie, dans sa propre temporalité. L’heure n’est plus aux injonctions extérieures, mais à la solidarité continentale et au respect des souverainetés.
Le président Oligui Nguema l’a compris. Le peuple gabonais l’a confirmé dans les urnes. Reste maintenant à accompagner cette dynamique jusqu’à son terme, pour que le Gabon demeure ce phare démocratique en devenir.