Rome, 22 avril 2025. Le monde catholique est en deuil. À l’âge de 88 ans, le pape François, de son vrai nom Jorge Mario Bergoglio, s’est éteint paisiblement hier au Vatican. Premier pontife venu d’Amérique latine, il avait bouleversé les codes, ouvert l’Église à de nouvelles espérances, défendu les plus faibles, parlé d’écologie, de paix et de fraternité humaine. Mais en Afrique, ce deuil s’accompagne d’une question brûlante, ancienne et persistante : le moment est-il enfin venu pour le continent noir d’accéder au trône de Saint Pierre ?
Un pape des marges

Le pape François incarnait les périphéries. Élu en 2013, il venait d’Argentine, un pays du Sud global. Il a fait de l’inclusion des pauvres, des migrants, des oubliés de la mondialisation, le cœur battant de son pontificat. En ce sens, il a regardé l’Afrique non comme un champ de mission, mais comme un cœur vivant de la chrétienté.
Avec plus de 250 millions de catholiques, une vitalité des vocations sacerdotales, une jeunesse fervente, l’Afrique n’est plus la périphérie spirituelle d’hier. Elle est devenue, aux yeux de bien des observateurs, l’un des poumons du catholicisme mondial.
Des papabili africains déjà en lice ?

Le nom du cardinal ghanéen Peter Turkson, longtemps pressenti pour succéder à Benoît XVI, revient déjà dans les spéculations. Tout comme celui du cardinal Dieudonné Nzapalainga de Centrafrique, figure de paix et de dialogue interreligieux dans un pays déchiré. D’autres, plus jeunes, moins médiatisés, mais tout aussi influents dans les couloirs du Vatican, incarnent cette Afrique spirituelle, audacieuse, enracinée dans sa culture mais ouverte à l’universel.
Le conclave qui s’annonce pourrait ainsi être l’un des plus historiques de l’Église moderne. Plus qu’un choix de personne, ce serait un choix de vision. L’Afrique ne demande pas un pape noir pour le symbole. Elle offre des hommes de foi, d’intelligence, de charisme, capables de parler à un monde fracturé.
Une Église en quête d’âme

Le prochain pape héritera d’une Église confrontée à des défis immenses : sécularisation en Occident, tensions géopolitiques, scandales internes, montée des intolérances. Dans ce tumulte, l’Afrique incarne une espérance. Une foi populaire, joyeuse, enracinée dans la communauté. Une force tranquille capable de ranimer la flamme.
Mais le chemin vers un pape africain est semé d’ombres : jeux d’influence au Vatican, conservatismes euro-centriques, équilibres géopolitiques. Pourtant, l’histoire n’attend pas toujours que les circonstances soient parfaites. Parfois, elle se fraie un chemin, portée par l’évidence.
L’heure africaine aurait-elle enfin sonné ?
Le monde retiendra son souffle dans les jours à venir. Le conclave décidera. Mais pour beaucoup d’Africains, catholiques ou non, la possibilité d’un pape africain ne serait pas qu’un symbole religieux. Ce serait un miroir tendu au monde. Celui d’un continent debout, spirituellement riche, porteur de sagesse et de paix.
Et si Rome parlait enfin avec un accent bantou, swahili, wolof ou éwé ? Le Saint-Esprit, dit-on, souffle où il veut. Et peut-être, cette fois, soufflera-t-il depuis le cœur de l’Afrique.