Évolution de la liberté de la presse au Gabon depuis 2023

Un tournant historique : le coup d’État de 2023
Le coup d’État du 30 août 2023 a provoqué l’éviction d’Ali Bongo Ondimba et marqué un tournant crucial dans l’histoire politique du Gabon. Ce changement de régime a suscité de nouveaux espoirs de réformes, notamment dans le domaine de la liberté de la presse. Sous Bongo, la censure et le contrôle des médias étaient monnaie courante, étouffant la voix des journalistes et transformant les médias d’État en outils de propagande.
Avec l’arrivée de Brice Oligui Nguema, un nouvel élan semblait possible. Les premières mesures de son gouvernement ont été interprétées comme un signe d’ouverture. La censure a légèrement diminué, permettant à certains journalistes, précédemment persécutés, de reprendre leurs activités. Toutefois, cette amélioration reste fragile, requérant une vigilance constante de la société civile et des organisations internationales.
Le cadre de ce changement a aussi donné aux médias internationaux l’opportunité d’examiner de près la situation au Gabon. Des rapports de Reporters sans frontières (RSF) ont mis en exergue les progrès réalisés, tout en soulignant les défis persistants pour la presse. Le classement mondial de la liberté de la presse place désormais le Gabon au 56e rang, reflétant ainsi cette évolution, bien que des lacunes subsistent.

Les recommandations de RSF : un cadre pour l’avenir
Suite à l’élection de Brice Oligui Nguema, RSF a proposé dix recommandations essentielles visant à garantir une presse libre et indépendante au Gabon. Parmi celles-ci, l’accès équitable aux sources d’information gouvernementales est un impératif souvent entravé par des pratiques bureaucratiques et le manque de transparence des institutions.
Ces recommandations visent à établir un cadre juridique et institutionnel propice à un environnement médiatique dynamique. Un soutien financier clair et impartial aux entreprises de presse est crucial pour éviter la dépendance à l’égard de fonds gouvernementaux, qui pourraient devenir des leviers de contrôle. De plus, RSF insiste sur la nécessité de créer des mécanismes de protection pour les journalistes, garantissant ainsi leur sécurité et leur liberté d’expression.
Les experts estiment que la mise en œuvre de ces propositions pourrait transformer durablement le paysage médiatique gabonais. Cependant, cet objectif nécessite un engagement réel du gouvernement et une volonté politique de rompre avec les pratiques passées. La communauté internationale, et notamment les organisations de défense des droits humains, joue un rôle fondamental en surveillant l’évolution de la situation et en faisant pression pour des réformes concrètes.

Les défis persistants et l’avenir de la presse gabonaise
Malgré des signes d’ouverture, la situation de la presse au Gabon demeure marquée par des défis considérables. Le pays figure encore parmi ceux où l’accès aux données publiques est restreint, et l’opacité des institutions persiste. Les journalistes peinent à obtenir les informations essentielles, ce qui nuit à leur capacité à informer le public de manière précise et complète.
Par ailleurs, la culture de la peur, héritée de nombreuses années de répression, continue de régner. Beaucoup de journalistes hésitent à aborder des sujets sensibles, redoutant des représailles. Cette autocensure freine l’émergence d’un journalisme d’investigation vigoureux, pourtant essentiel à une démocratie en bonne santé. Les cas de journalistes emprisonnés ou harcelés pour avoir osé critiquer le pouvoir demeurent trop fréquents.
À l’avenir, la durabilité des progrès en matière de liberté de la presse dépendra de la capacité du gouvernement à établir un climat de confiance avec les médias. La mise en œuvre des recommandations de RSF pourrait servir de fondement à cette transformation. Toutefois, cela nécessitera une mobilisation collective de la société civile, des journalistes et des acteurs politiques. Les questions cruciales persistent : le gouvernement respectera-t-il ses engagements ? Les journalistes seront-ils enfin libres d’exercer leur métier sans crainte ? L’avenir de la presse au Gabon est-il véritablement en train de changer ?