Libreville bruisse d’une rumeur aussi insistante qu’inquiétante : 150 véhicules de type Toyota Yaris auraient été introduits sur le territoire national pour y être exploités comme taxis par une association communautaire étrangère. Derrière ce qui pourrait paraître comme un simple fait divers urbain, se dessine un enjeu d’une gravité nationale : la souveraineté économique du Gabon.
Dans un contexte où l’État s’attelle à la refondation du secteur des transports urbains, avec des initiatives structurantes comme le projet “Taxi Gab”, cette intrusion massive, opérée en marge des circuits officiels, suscite de profondes interrogations. Le programme “Taxi Gab”, porté avec rigueur par les autorités de transition, incarne une volonté claire de répondre à la crise de l’emploi des jeunes, de structurer un secteur jusqu’alors dominé par l’informel, et d’assurer des standards professionnels et fiscaux conformes à l’intérêt général.

Que faut-il comprendre, alors, de l’introduction parallèle de ces 150 véhicules ? Est-ce une simple opération commerciale ? Ou l’expression d’un système parallèle qui échappe aux règles, contourne les lois, et affaiblit délibérément les politiques publiques en place ?
Le cœur de la controverse ne réside pas tant dans la marque ou le type de véhicule, mais dans la manière opaque dont cette flotte aurait été introduite et exploitée. Si ces voitures sont effectivement mises en circulation sans agrément, sans traçabilité douanière, ni conformité fiscale, alors le pays fait face à un acte d’une gravité exceptionnelle : une menace organisée contre l’autorité publique et l’équilibre économique national.

Ce type de manœuvre aurait plusieurs conséquences désastreuses :Une évasion fiscale massive, privant le Trésor public de ressources précieuses à l’heure où chaque franc compte pour bâtir l’avenir.Un affaiblissement du tissu entrepreneurial local, en livrant la jeunesse gabonaise à une concurrence extérieure non régulée.Un précédent dangereux, ouvrant la voie à d’autres initiatives économiques anarchiques, au mépris des cadres réglementaires.
Au-delà de l’émotion, l’heure est à la responsabilité. Ce soupçon doit conduire à une réaction ferme, cohérente, digne d’un État soucieux de son autorité :
Un audit exhaustif des véhicules récemment introduits et des circuits par lesquels ils sont arrivés.
La suspension immédiate de toute immatriculation suspecte, jusqu’à clarification.
La mobilisation coordonnée des administrations compétentes — douanes, impôts, transport — pour des contrôles rigoureux et réguliers.

La réaffirmation publique du programme “Taxi Gab” comme unique cadre légitime pour l’insertion des jeunes dans le transport urbain.
Un encadrement strict de l’investissement étranger informel, pour éviter que le Gabon ne devienne un terrain de manœuvres économiques clandestines.
L’État gabonais se trouve à un carrefour crucial. Il doit montrer qu’il ne transige ni avec la légalité, ni avec la transparence, ni avec l’intérêt national. Il en va non seulement de la crédibilité de ses politiques publiques, mais aussi de la confiance des citoyens dans la capacité de leurs institutions à les protéger.
Ce qui se joue à travers cette affaire dépasse le simple cadre d’un rond-point encombré ou d’un nouveau taxi dans nos rues. C’est le modèle de développement du Gabon, sa cohérence stratégique, et son indépendance économique qui sont en jeu.
Et sur ce front, aucune concession ne peut être tolérée. https://7joursinfo.com/actualites/yaris-gate-une-menace-silencieuse-pour-la-souverainete-economique-du-gabon/