Dans le silence feutré des salons présidentiels mais avec la solennité d’un moment historique, Alassane Ouattara a écrit ce 14 avril bien plus qu’un simple message de félicitations. Il a gravé un acte diplomatique fort, tendant la main au nouveau visage de la République gabonaise, Brice Clotaire Oligui Nguema, élu triomphalement avec 90,35 % des suffrages. Un chiffre retentissant, reflet d’un peuple qui a parlé d’une voix claire et assumée.
Un geste qui dépasse les frontières

La scène s’est déroulée dans un climat post-électoral apaisé, presque rare sur un continent souvent secoué par des lendemains incertains. Le président ivoirien a choisi Facebook pour transmettre son message, mais c’est toute l’Afrique qui l’a entendu. Le ton est amical, mais le fond est hautement stratégique :
« Je me réjouis de poursuivre, avec lui, le raffermissement des excellentes relations d’amitié et de coopération entre nos deux pays. »Derrière ces mots, c’est toute une vision qui s’esquisse : celle d’une Afrique centrale et d’une Afrique de l’Ouest qui dialoguent, s’écoutent, s’unissent.
Une réponse à la hauteur du moment

Sans délai, Brice Clotaire Oligui Nguema, dans un style direct et empreint d’élégance panafricaine, a répondu :
« Merci Président Alassane Ouattara ! […] Que Dieu bénisse nos deux pays. »
Une formule simple, mais chargée de symboles. Le président élu inscrit son leadership dans une dynamique de coopération sincère, d’unité continentale et d’engagement mutuel. Ce n’est pas un hasard : son accession au pouvoir s’est construite sur une promesse de refondation, d’inclusion et de justice. Et désormais, sur la scène internationale, sa voix commence à compter.
Un scrutin sous le regard du monde

Avec une participation populaire forte, des observateurs internationaux présents et un processus salué pour sa transparence, l’élection du 12 avril dernier a été un tournant. Hermann Immongault, ministre gabonais de l’Intérieur, a annoncé des résultats nets, sans contestation majeure. Une première dans une sous-région souvent tiraillée entre doutes électoraux et déflagrations post-scrutin.
La reconnaissance d’Alassane Ouattara n’est donc pas anodine. Elle vient valider, au-delà du scrutin, la trajectoire d’un homme qui, depuis le 30 août 2023, tente de reconstruire un État. Pas seulement pour le Gabon, mais pour inspirer une méthode dans un continent en quête de repères.
L’Afrique en recomposition
L’image est forte : un vétéran de la politique ivoirienne saluant un nouveau visage de la gouvernance gabonaise. Dans un contexte de transitions multiples — Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad — le Gabon post-Bongo pourrait bien devenir ce laboratoire africain de la transition réussie, stable et inclusive.
La CEDEAO regarde. La CEEAC observe. L’Union africaine s’interroge : et si le Gabon d’Oligui devenait un modèle ? Le message d’Ouattara, lui, n’est pas une simple formalité : il est un clin d’œil appuyé à cette possibilité.
Un avenir qui s’écrit à deux
À l’heure où Libreville prépare la cérémonie d’investiture du président élu, le message ivoirien est aussi un appel à la construction d’un axe stratégique Abidjan–Libreville, dans les domaines économique, sécuritaire et diplomatique.