Rome, 7h35. Une heure qui désormais portera le poids de l’Histoire. Ce matin-là, comme une lumière qui doucement s’éteint, l’évêque de Rome, François, a rendu l’âme. Le souffle de celui qui a incarné l’Évangile avec une intensité rare s’est dissipé dans l’aube italienne. Le monde se réveille orphelin d’un géant spirituel, d’un apôtre de la tendresse, d’un homme façonné par la simplicité et l’amour radical. »
Il est retourné à la maison du Père », a annoncé, la voix tremblante et le cœur alourdi, le cardinal Farrell. Et dans cette phrase, toute la profondeur d’une vie offerte. Car François ne fut pas un pape comme les autres. Il fut une brèche dans les certitudes, une secousse douce dans les palais de marbre du Vatican, une voix fragile mais ferme pour les oubliés de la mondialisation. Il fut un cœur battant dans l’Église, un souffle pour les peuples du Sud, un frère universel.
Un pape au souffle d’Amérique latine, mais au cœur africain.

Né Jorge Mario Bergoglio, ce jésuite argentin au regard perçant et à l’humilité désarmante n’a jamais cessé d’élargir les frontières de l’amour. Dès ses premiers gestes — renonçant aux dorures, vivant sobrement, appelant à la miséricorde plutôt qu’à la condamnation — il a brisé les codes. Il a embrassé les lépreux de la modernité, les migrants rejetés aux frontières, les femmes oubliées des sanctuaires, les enfants en ruines. Son pontificat fut une prière incarnée.
François n’a jamais oublié l’Afrique. De Bangui à Nairobi, de Maputo à Kinshasa, il a posé ses pas sur notre terre avec une attention rare. Il parlait à nos douleurs, écoutait nos chants, appelait à la paix dans nos guerres fratricides, exhortait à la justice sociale face aux prédateurs économiques. Il disait que l’Afrique n’était pas un problème mais une promesse. Et nous y avons cru, car il le disait avec le feu de la sincérité. »

Nous confions l’âme du Pape François à l’amour infiniment miséricordieux du Dieu trinitaire », a conclu le cardinal. Ce Dieu que François priait avec des mots simples et des silences profonds. Ce Dieu dont il a tant parlé, non comme un juge, mais comme un Père qui attend, qui relève, qui aime sans compter.
Ce matin, l’Église pleure, mais elle ne se déchire pas. Car elle sait que les saints ne meurent pas : ils fécondent les cœurs. François nous laisse un testament vivant : la fraternité, le dialogue, la lutte contre l’indifférence, l’écologie intégrale, la tendresse comme arme de combat.
Dans les bras du Père, il repose. Mais dans les cœurs des peuples, il demeure.