Libreville, 9 avril 2025 – Par la rédaction d’Africacoeurnews
Sous les projecteurs de l’émission phare « 1 candidat, 1 projet », le président de la transition et candidat à la présidentielle du 12 avril prochain, Brice Clotaire Oligui Nguema, s’est livré ce mardi 8 avril à un exercice de vérité politique. Devant les caméras et une nation suspendue à ses mots, c’est un Brice Clotaire Oligui Nguema serein, confiant et préparé qui a dressé le bilan de ses 19 mois à la tête du Gabon, avant de décliner avec une solennité maîtrisée les grandes lignes de son projet de société.
Une transition sans sang et une République reconstruite

« C’est le seul coup d’État sans effusion de sang », a-t-il rappelé d’entrée de jeu, comme pour souligner la singularité de l’histoire gabonaise récente. Dans une région secouée par les soubresauts institutionnels et les prises de pouvoir brutales, Oligui Nguema revendique une rupture propre, ordonnée et salutaire. Selon lui, le coup de force du 30 août 2023 n’a pas été une prise du pouvoir par ambition personnelle, mais un acte de salut national face à « un tiqué accolé » devenu insupportable.
Cette transition, placée sous le signe de l’inclusivité, a vu la tenue d’un dialogue national d’envergure en avril 2024. « Nous avons rassemblé toutes les forces vives de la nation », insiste-t-il, comme pour graver dans les mémoires que le projet de reconstruction gabonais a été collectif, ouvert, national. À ses yeux, le plus grand accomplissement de cette période transitoire reste le respect des engagements : « Cette transition est une réussite parce que nous avons respecté tous les délais », martèle-t-il.
Une Constitution nouvelle, des institutions refondées

Fruit de cette transition, la nouvelle Constitution promulguée en novembre 2024 constitue le socle du « Gabon nouveau ». Elle supprime le poste de Premier ministre, institue un vice-président, renforce les pouvoirs du chef de l’État et reconfigure l’architecture institutionnelle. Brice Oligui Nguema promet d’en être le premier à se soumettre, s’il est élu : « Le vainqueur de cette élection, une fois validé par la Cour constitutionnelle, prêtera serment sur la nouvelle Constitution ».
Dans cet esprit, le président-candidat s’engage à respecter la borne ultime fixée : « Août 2025 était la date butoir à ne pas dépasser ». D’ici là, la restauration complète des institutions reste sa priorité. Les élections législatives sont déjà projetées pour 2026, un choix qu’il justifie par la nécessité de reconstruire sur des bases solides : « Pourquoi attendre, vu que nous avons d’autres institutions à restaurer ? » martèle-t-il en répondant à ceux qui lui reproche d’avoir anticipé l’élection présidentielle.
Un projet de société dans la continuité de la refondation

Son programme s’articule autour d’une promesse de modernisation territoriale et d’efficacité administrative. « Si c’est moi qui suis élu, je procéderai au redécoupage administratif », a-t-il affirmé. Cette réforme, annoncée comme majeure, viserait à rapprocher l’État du citoyen, rationaliser la gestion territoriale et corriger les déséquilibres historiques du développement.
Sur le plan économique, il n’a pas manqué de rappeler les grands chantiers déjà engagés : le port en eau profonde de Mayumba, la ligne ferroviaire Bélinga-Boué-Mayumba, la nationalisation de la SNBG, la relance du secteur forestier, autant d’initiatives qui devraient, selon lui, générer des centaines de milliers d’emplois.
Le retour des observateurs internationaux : un signal fort

La campagne présidentielle actuelle, à en croire le général, tranche nettement avec celle de 2023 : « Nous avons le retour des observateurs internationaux, ce qui n’était pas le cas en 2023 ». Une façon de légitimer le scrutin à venir, de démontrer que la page est tournée, que le Gabon a renoué avec les standards démocratiques internationaux.
Le pari du leadership transformateur

Brice Clotaire Oligui Nguema, dans un style sobre mais ferme, se présente comme l’homme de la reconstruction, du respect des engagements et du patriotisme lucide. Il se pose en « bâtisseur de transition » et, potentiellement, en « président du renouveau ». Mais derrière son verbe maîtrisé, il reste un enjeu de taille : convaincre les Gabonais qu’un militaire peut être l’architecte d’une démocratie durable.
Le scrutin du 12 avril s’annonce ainsi comme un test décisif. Non seulement pour Oligui Nguema, mais pour la vitalité démocratique d’un pays qui cherche à écrire un nouveau chapitre de son histoire politique, entre mémoire de la rupture et espoir d’un avenir apaisé.
par Prince Bertoua, pour Africacoeurnews Libreville – 9 Avril 2025 https://droit-et-politique-en-afrique.info/le-projet-de-societe-de-brice-clotaire-oligui-nguema-candidat-a-lelection-presidentielle-du-12-avril-2025