Paris, 14 avril 2025 – Dans une atmosphère électorale tendue mais décisive, le Gabon a tranché. Le 12 avril, le peuple a accordé sa confiance à Brice Clotaire Oligui Nguema, reconduit à la tête de la République. Mais c’est la voix d’un perdant digne, portée par un proche du candidat arrivé deuxième, Alain-Claude Bilie-By-Nze, qui résonne aujourd’hui avec une rare élégance dans le tumulte post-électoral.Mefe Victor, partisan engagé de l’ancien Premier ministre, s’est exprimé sur les réseaux sociaux dans un message empreint de retenue, de hauteur et de patriotisme. Dans un pays où l’après-scrutin rime souvent avec passions exacerbées et crispations, ce ton tranchant par sa lucidité a toute sa place.
Un hommage à Bilie-By-Nze, une main tendue à Oligui Nguema

Il commence par saluer la maturité du peuple gabonais : « Ce 12 avril 2025, le peuple gabonais s’est exprimé avec clarté. » Un constat net, sans contestation, suivi d’un vibrant hommage à Alain-Claude Bilie-By-Nze. Le discours de ce dernier, prononcé le 14 avril, est qualifié de « digne, responsable et à la hauteur des exigences du moment », comme pour rappeler que la grandeur se mesure aussi dans la défaite.
À l’endroit du président Oligui Nguema, Mefe Victor emploie les mots justes, ceux qui désarment : « Je vous souhaite, pour le bien de tous, beaucoup de courage, de sagesse et de discernement. » Un appel solennel à gouverner avec élévation, en se souvenant que le pouvoir ne trouve son sens que dans le service du peuple.
Trois requêtes pour la réconciliation nationale

Mais derrière la courtoisie, une vigilance citoyenne s’installe. Dans un ton mesuré mais ferme, Mefe Victor soumet trois demandes, véritables jalons d’une paix durable :
La libération de Kelly Ondo Obiang et de ses compagnons, figures controversées mais symboliques, arrêtés dans le sillage du coup d’État avorté de 2019.
La reconnaissance symbolique des « présidents élus » déchus, pour solder les comptes du passé avec élégance, sans effacer la mémoire des urnes.
Des garanties pour un retour apaisé des exilés politiques, car une nation apaisée ne se construit pas avec des enfants dispersés.
Un discours d’opposition constructive, pas d’opposition systématique

Dans un pays encore en convalescence démocratique, ces mots résonnent comme ceux d’un patriote avant tout, refusant de verser dans l’amertume ou la haine. « Nous resterons fidèles à notre engagement pour une véritable rupture », affirme-t-il, en s’inscrivant dans une opposition de veille, de vérité et d’avenir.
Loin des clameurs enflammées ou des appels à l’insurrection, ce texte offre une leçon rare : celle d’une classe politique qui peut perdre sans renier ses principes, qui peut espérer sans attiser la division, et qui croit encore à la République comme horizon commun.En conclusion, la politique gabonaise aurait tout à gagner à s’inspirer de cette parole calme et exigeante. Car si la victoire s’impose, la dignité, elle, se choisit.
Vive le Gabon, réconcilé avec lui-même. Vive la parole libre, sans rancune. Vive l’Afrique des peuples, et non des règnes. https://www.rfi.fr/fr/afrique/20250413-pr%C3%A9sidentielle-au-gabon-sc%C3%A8nes-de-liasse-apr%C3%A8s-la-victoire-d-oligui-nguema-ses-opposants-d%C3%A9noncent-des-irr%C3%A9gularit%C3%A9s