Responsabilité des ministres camerounais sous Paul Biya

Le cadre constitutionnel et la responsabilité ministérielle
Au Cameroun, la question de la responsabilité des ministres dans le cadre du gouvernement de Paul Biya est un sujet à la fois complexe et débattu. Gabriel Olinga, dans un article publié le 21 avril 2025, souligne que la Constitution précise que la politique nationale est définie par le Président. Ce dernier nomme les ministres et fixe leurs attributions. En conséquence, les ministres sont principalement responsables devant le Président, et non directement envers le peuple.
Cet aspect est crucial pour appréhender leur rôle dans l’évaluation du bilan gouvernemental. Olinga note que l’échec d’un ministre est souvent lié à celui du Président, sans que cela ne signifie que le ministre est incompétent. Si un ministre ne parvient pas à mener à bien sa mission, c’est souvent dû à des directives inadaptées ou à un contexte politique peu favorable. Cette relation soulève des interrogations sur la véritable nature de la responsabilité politique au Cameroun.
En outre, les ministres font face à des obstacles tels que la corruption ou des problèmes d’organisation qui entravent leur capacité à exécuter les politiques définies par le Président. Dès lors, leur responsabilité ne peut être analysée de manière isolée. Elle doit être comprise au sein d’un cadre plus large de gouvernance.

Actions concrètes des ministres et impact sur le bilan gouvernemental
Malgré ces contraintes, les ministres camerounais jouent un rôle actif dans l’exécution des politiques publiques et impactent le bilan du gouvernement. Par exemple, Célestine Ketcha Courtes, ministre de l’Habitat et du Développement urbain, a participé à l’attribution de marchés pour des projets d’infrastructure, comme la construction du Camp Sic d’Ebolowa. Toutefois, la qualité des travaux a été mise en question, soulevant des doutes sur la gestion des ressources.
En parallèle, Henri Eyebe Ayissi, ministre des Domaines et du Cadastre, a reçu des éloges pour avoir réhabilité le titre foncier d’une citoyenne, un acte symbolisant justice et équité. Ces initiatives illustrent comment les ministres peuvent contribuer à améliorer l’image du gouvernement, tout en étant susceptibles aux critiques quant à leur gestion.
De son côté, Emmanuel Nganou Djoumessi, ministre des Travaux publics, a récemment inspecté des chantiers dans les régions du Centre et de l’Est pour vérifier l’avancement des projets et rassurer les populations sur les promesses gouvernementales. Son intervention est essentielle, car les infrastructures sont souvent considérées comme des indicateurs clés de la performance du gouvernement, surtout à l’approche des élections.

Défis et perspectives pour les ministres camerounais
Malgré les efforts fournis, les ministres sont confrontés à de nombreux défis. La perception du public concernant leur responsabilité est souvent teintée d’attentes irréalistes et d’une méconnaissance des dynamiques politiques. Olinga précise qu’accuser un ministre de l’échec d’un régime constitue une injustice envers ceux qui travaillent dans des conditions difficiles.
Par ailleurs, la question de la démission des ministres en désaccord avec la politique présidentielle est délicate. Olinga souligne que démissionner peut être perçu comme un acte de courage ou comme un signe de désespoir. Les ministres doivent jongler entre leur loyauté envers le Président et leur responsabilité vis-à-vis des citoyens, rendant leur position ardue.
À l’avenir, il sera primordial pour les ministres d’améliorer leur légitimité en intensifiant la transparence et en engageant davantage de dialogues avec la population. La création de mécanismes de reddition de comptes et d’évaluation des performances pourrait également favoriser une meilleure perception de leur rôle dans le bilan gouvernemental.
Alors que le Cameroun fait face à des défis socio-économiques croissants, la question de la responsabilité des ministres demeure essentielle. Comment ces derniers peuvent-ils concilier leur rôle d’exécutants des politiques présidentielles avec les attentes grandissantes des citoyens ? La réponse à cette question pourrait avoir un impact significatif sur l’avenir politique du pays.