Enjeux pour la démocratie et la stabilité politique en Côte d’Ivoire

Contexte électoral et historique
Les élections présidentielles de 2025 en Côte d’Ivoire se profilent dans un climat tendu, marqué par des souvenirs douloureux des scrutins précédents. Les violences qui ont accompagné les élections de 2010 et 2020 ont laissé des cicatrices profondes et une division au sein de la société ivoirienne. Le président Alassane Ouattara a récemment souligné la nécessité d’un scrutin paisible, transparent et démocratique, appelant l’ensemble des acteurs politiques à faire preuve de responsabilité.
Dans cette dynamique, la coopération avec les autorités traditionnelles et religieuses revêt une importance capitale. Ces figures jouent un rôle crucial dans la promotion de la paix. Cheick Ousmane Diakité, président du COSIM, et Mgr Ignace Bessi Dogbo, archevêque d’Abidjan, ont rappelé l’importance de messages de paix pour assurer la stabilité. Leur engagement est fondamental pour réduire les tensions, créant ainsi un espace propice à l’expression démocratique.
Par ailleurs, la situation sécuritaire représente un enjeu majeur. Le général Lassina Doumbia a affirmé que les Forces armées de Côte d’Ivoire sont prêtes à garantir la sécurité du scrutin. Pourtant, les menaces internes et les défis géopolitiques demeurent préoccupants, rendant cruciale l vigilance des forces de sécurité pour prévenir une escalade de la violence.

Inclusivité et transparence électorale
Un autre enjeu fondamental réside dans la nécessité d’assurer des élections inclusives et transparentes. La candidature de Laurent Gbagbo suscite des débats enflammés. Dr Justin Katinan Koné, président du Conseil Stratégique et Politique du PPA-CI, a qualifié cette candidature de « hautement conflictuelle », appelant à une clarification rapide. Même l’ONU a exprimé des inquiétudes quant à cette situation, demandant la réinscription de Gbagbo sur la liste électorale.
Les partis d’opposition, tels que le Front populaire ivoirien (FPI) et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), insistent sur la nécessité d’un dialogue inclusif. Barthélémy Gnépa, secrétaire général du FPI, a souligné que sans ce dialogue, la Côte d’Ivoire risque de revivre les souffrances des élections antérieures. De plus, la transparence dans la gestion des listes électorales et la mise en place de mécanismes équitables sont cruciales pour rétablir la confiance des citoyens dans le processus électoral.
Des appels à une amnistie générale, visant à faciliter le retour de leaders d’opposition comme Guillaume Soro, émergent également. Bien que ces propositions témoignent d’une volonté de favoriser un climat apaisé, elles doivent être examinées avec prudence pour éviter toute manipulation politique.

Rôle des institutions et des acteurs sociaux
La préparation des élections de 2025 requiert un engagement fort des institutions et des acteurs sociaux. Le président Ouattara a encouragé les préfets et autorités locales à sensibiliser les populations et à promouvoir la paix. L’importance d’un corps diplomatique actif a également été soulignée, avec des représentants internationaux appelant à des élections libres et non violentes.
Les initiatives de la société civile, telles que celles portées par Innocent Gbéry Obodji, président de l’ONG Force 2000 jeunes, qui plaide pour des élections pacifiques, sont essentielles. L’engagement de la jeunesse ivoirienne dans le processus démocratique est primordial, tout comme la mobilisation des femmes pour la paix, illustrée par le lancement de caravanes pour la paix.
Enfin, la lutte contre la désinformation, notamment les fake news, constitue un enjeu crucial pour la démocratie. Le procureur de la République a affirmé que cette lutte sera une priorité durant la période électorale, soulignant l’importance d’une information fiable pour garantir un débat démocratique sain.
Conclusion et perspectives
Les enjeux pour la démocratie et la stabilité politique en Côte d’Ivoire à l’approche des élections de 2025 sont complexes et variés. Il est essentiel d’instaurer un climat pacifique, de garantir des élections inclusives et transparentes, tout en s’assurant de l’engagement des institutions et de la société civile. Les acteurs politiques doivent faire preuve de maturité et de responsabilité pour ne pas répéter les erreurs du passé.
Alors que la Côte d’Ivoire se prépare pour cette échéance cruciale, la question demeure : comment parviendront-ils à surmonter leurs divergences pour bâtir un avenir pacifique et démocratique ? La réponse à cette question déterminera non seulement le succès des élections de 2025, mais aussi l’avenir politique du pays pour les années à venir.