mardi 13 mai 2025
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Gabon : Le respect et courtoisie des conducteurs de Taxi-Gab

Ils ne klaxonnent pas à tort et à travers, ne fument pas à bord, saluent avec sourire et tiennent les portes pour les personnes âgées. À bord de leur véhicule propre, climatisé et muni d’un terminal de paiement électronique, les conducteurs de Taxi-Gab+ ne se contentent pas de transporter des passagers : ils réparent un lien social brisé par des années d’indifférence et d’impolitesse dans les transports urbains gabonais.

Depuis leur mise en service progressive en 2024 sous l’impulsion des autorités de transition, les véhicules estampillés Taxi-Gab+ se sont imposés comme une alternative salutaire aux taxis traditionnels. Au cœur de leur succès : une courtoisie assumée, une politesse revendiquée, et un sens du service qui fait figure d’exception dans un environnement routier souvent perçu comme anarchique.

Le contraste est saisissant

Alors que les taximans classiques, souvent débordés, mal rémunérés et en conflit permanent avec une clientèle qu’ils traitent avec froideur, peinent à dissimuler leur exaspération quotidienne, les conducteurs de Taxi-Gab+ adoptent une attitude presque irréprochable. Habillés correctement, formés à la communication de base, ils incarnent ce que beaucoup considèrent aujourd’hui comme une petite révolution de l’espace public.

« Je suis monté dans un Taxi-Gab+ pour la première fois en mars, raconte Mireille, une retraitée du quartier Montagne Sainte. Le jeune homme m’a appelée maman, m’a demandé si je voulais de la musique ou pas, et m’a remerciée à la fin du trajet. Je vous jure, j’ai failli pleurer. »

Les témoignages comme celui de Mireille abondent. Des étudiants aux travailleurs en passant par les touristes de passage, nombreux sont ceux qui saluent une expérience de transport où le client est remis au centre du service. Une anomalie dans un pays où, depuis des décennies, monter dans un taxi relevait presque de l’épreuve d’endurance psychologique.

Mais comment expliquer cette différence ?

La réponse réside dans le modèle même de Taxi-Gab+, pensé comme un outil de modernisation, mais aussi comme un levier de transformation des mentalités. Les conducteurs, majoritairement jeunes et issus des quartiers populaires, ont été sélectionnés sur dossier, puis formés pendant plusieurs semaines. Au programme : respect du client, conduite citoyenne, premiers secours, gestion de conflit et usage des nouvelles technologies.

« On ne voulait pas seulement lancer une flotte de véhicules modernes, confie sous couvert d’anonymat un cadre du ministère des Transports. On voulait aussi envoyer un message : dans le Gabon de demain, le service public, même privé, doit être digne, humain, et orienté vers les gens. »

Un pari audacieux dans un pays où les habitudes ont la peau dure. Car du côté des taximans classiques, la grogne monte. Certains dénoncent une « concurrence déloyale », d’autres critiquent une « stigmatisation organisée ». Mais la vérité est plus nuancée : ce sont deux mondes qui s’affrontent. L’un, enraciné dans un modèle ancien, informel, souvent mal encadré. L’autre, tourné vers une nouvelle manière de concevoir le transport urbain : numérique, structuré, et surtout… respectueux.

Dans les rues de Libreville, la bataille de l’image est déjà perdue pour les taxis jaunes traditionnels. Là où le simple fait d’être traité avec égards devient un événement, Taxi-Gab+ s’impose comme un vecteur d’espoir, un symbole de ce que pourrait être le Gabon lorsqu’on place l’humain au centre des politiques publiques.

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