Par : Le Ndjembé Satirique — Édition Électorale Très Connectée
12 heures chrono avant que le destin du Gabon ne passe à la moulinette des urnes. Dans la nuit d’hier, pendant que certains affûtentaient leurs cartes d’électeur, d’autres affûtentaient leurs statuts Facebook. C’est dans cette atmosphère électrisante, moite comme une sieste à Libreville à 14h, que Marlène Fabienne Essola Efountame — juriste de son état et fan invétérée d’Alain-Claude Bilie-By-Nze — a décidé de jouer les Cassandra 2.0.
Sur son mur Facebook, elle prophétise en ces termes sibyllins :
« Internet beug déjà, c’est pas certain que demain nous ayons internet au Gabon. »
Un post publié dans un soupçon d’apocalypse numérique, mais qui n’aura tenu que le temps d’un téléchargement WhatsApp. En moins de temps qu’il ne faut pour dire « coupure SEEG », plus de 500 internautes, connectés comme jamais, se sont rués dans les commentaires pour démentir l’oracle digital.
Extrait d’un florilège de réactions :
« Madame Marlène, je viens de poster une vidéo de ma maman en train de danser devant le bureau de vote. Internet va très bien ce matin, merci. »— Roger Tchinda, influenceur du dimanche.
« Tonton Facebook dit que tu mens hein, moi je stream Netflix tranquille à Port-Gentil. »— Anonyme, mais très connecté.
« Marlène, tu veux effrayer les gens pour qu’ils n’aillent pas voter ou bien ? Ça, c’est les méthodes de 2023 ça ! »— Jeanne, retraitée et fan de débats.
La machine satirique ne pouvait qu’applaudir une telle performance : Marlène a sans doute confondu sa connexion Wi-Fi avec un appel manqué de la DGR.
Car la vérité, c’est que le CTRI, cette entité de la transition, semble avoir une politique bien différente du temps jadis où le seul fait de googler « démocratie au Gabon » faisait planter la box. Depuis leur prise de pouvoir, pas de censure manifeste, pas de coupure à la hache, et ce jusqu’à cette heure où nous écrivons ces lignes depuis Libreville, où Internet coule à flot comme un discours de Bilie-By-Nze sur l’émergence.
Et pendant que les claviers chauffent, les Gabonais, eux, savourent une rare sensation : voter sans le brouillard numérique d’une panne orchestrée. Serait-ce là le vrai changement ? Ou juste un court sursis avant que le courant ne saute ?
Rendez-vous dans quelques heures pour voir si Marlène avait juste un mauvais modem ou un mauvais pressentiment. En attendant, les Gabonais, eux, sont connectés et vigilants.
Le Ndjembé Satirique vous promet de rester en ligne…tant que la connexion nous le permet.