Les Défis de la Dépendance Pétrolière au Gabon

Une Économie en Stagnation
La dépendance au pétrole pèse lourdement sur l’économie du Gabon, entraînant une stagnation alarmante. Comme l’indique Gabriel Ntougou dans son livre *Les Damnés de la rente : pourquoi le Gabon ne décolle pas*, la croissance économique n’a atteint que 2,8 % en 2024, et le chômage a grimpé au-delà de 40 %. Ce tableau dramatique souligne les dangers d’un modèle basé sur l’exploitation des ressources naturelles, qui compromet le développement et crée une impasse.
Cette surdépendance a étouffé l’émergence de secteurs essentiels comme l’agriculture et le tourisme. Le phénomène, bien connu sous le nom d’« effet hollandais », rend d’autres secteurs moins compétitifs, piégeant le Gabon dans un cycle de dépendance préjudiciable à sa diversification économique.
Les effets délétères ne se limitent pas à la stagnation. Corruption et impunité, exacerbées par cette dépendance, sapent la confiance des investisseurs et de la population. Les richesses pétrolières, censées être un moteur de développement, se transforment en foyer de conflits d’intérêts et de mauvaise gestion.

Les Alternatives à la Dépendance Pétrolière
Pour briser ce cycle, Gabriel Ntougou suggère des alternatives stratégiques. D’abord, il faut investir dans le capital humain et physique. En favorisant l’épargne locale pour financer des infrastructures, le Gabon pourrait créer des emplois et redynamiser son économie. De telles initiatives pourraient renforcer les compétences de la main-d’œuvre gabonaise, la rendant plus compétitive sur la scène internationale.
Une autre piste serait d’inspirer des modèles économiques fructueux. Ntougou évoque des exemples comme Dubaï, la Corée du Sud et le Botswana. Ces pays ont su se réinventer par des réformes audacieuses, diversifiant ainsi leurs revenus en investissant dans des secteurs tels que le tourisme, l’industrie et les technologies. Le Gabon pourrait s’appuyer sur ces expériences pour élaborer une stratégie de diversification adaptée à son contexte.
Enfin, le renforcement des institutions démocratiques est crucial. Des institutions transparentes et responsables jouent un rôle clé contre la corruption, favorisant un environnement économique sain. Cela renforcerait également la confiance des investisseurs, tant locaux qu’internationaux, créant un climat propice à l’innovation et à l’entrepreneuriat.

Vers un Changement de Paradigme
La nomination de Mark Doumba au ministère de l’Économie et des Participations marque une avancée dans la prise de conscience des conséquences de la dépendance pétrolière. Sa mission : relancer l’économie gabonaise et favoriser la diversification, témoigne d’une volonté croissante des autorités de reconnaître les impacts néfastes de cette dépendance. Mais cette volonté doit se traduire par des actions concrètes et des investissements réfléchis.
Pour que le Gabon puisse véritablement évoluer, il est impératif de changer de paradigme. Cela implique non seulement diversifier les sources de revenus, mais aussi reconsidérer le rôle de l’État dans l’économie. Un État qui soutient l’innovation, encourage l’entrepreneuriat, et investit dans les infrastructures peut transformer le paysage économique du pays.
En résumé, la dépendance pétrolière a des conséquences dévastatrices sur l’économie gabonaise. Toutefois, des alternatives existent. Reste à savoir si le Gabon saura saisir cette opportunité pour se réinventer, bâtissant ainsi une économie résiliente et diversifiée. Les décisions prises dans les années à venir façonneront le destin économique du pays et son intégration dans l’économie mondiale.