Enjeux de l’équité fiscale au Gabon
Contexte fiscal et infrastructures routières
Le Gabon, un pays riche en ressources, se heurte à des défis critiques en matière de gestion fiscale et d’infrastructures. En janvier 2025, le gouvernement prévoit de récolter environ 35,3 milliards de FCFA grâce à la Redevance d’usure de la route (RUR). Cette taxe sur les véhicules est destinée à l’entretien des routes, essentielles au commerce et à la mobilité. Pourtant, malgré les sommes considérables collectées, l’état des routes reste désastreux, ce qui soulève d’importantes interrogations sur l’utilisation efficace des fonds.
Le Gabon se classe actuellement 30ème en Afrique pour la qualité de ses routes, un classement révélateur des lacunes dans la gestion des ressources publiques. Les citoyens, qui acquittent ces taxes, méritent des résultats concrets en matière d’infrastructures. La dégradation continue des routes nourrit un sentiment de mécontentement et d’injustice parmi la population.
Les préoccupations d’équité fiscale sont plus que jamais d’actualité. Les Gabonais se demandent si leurs contributions sont correctement employées et si tous bénéficient équitablement des services financés. Cette situation pose des questions sur la légitimité des taxes lorsque les résultats tangibles sont absents, ainsi que sur la responsabilité du gouvernement envers ses citoyens.
Gestion des déchets et taxe sur les ordures ménagères
En parallèle de la RUR, le Gabon s’attend à percevoir plus de 5 milliards de FCFA grâce à la taxe sur les ordures ménagères, destinée à financer la gestion des déchets. Ce sujet est crucial pour la santé publique et l’environnement. Cependant, la gestion des déchets à Libreville, la capitale, est souvent critiquée. Les rues sont jonchées de détritus, et les services de collecte restent insuffisants, soulevant des doutes sur l’efficacité des fonds collectés.
Cette situation génère une frustration croissante parmi les citoyens, qui se interrogent sur la nécessité de payer une taxe n’apportant pas d’améliorations visibles. Cette perception alimente un climat de méfiance envers les autorités. Les Gabonais exigent des résultats concrets, tels que des rues propres et des services de collecte fiables, avant d’accepter de continuer à contribuer.
La gestion des ordures ménagères met également en lumière les enjeux d’équité fiscale. Les populations vulnérables, particulièrement touchées par l’insalubrité, se sentent lésées. L’absence de services adéquats dans les quartiers défavorisés soulève des questions sur l’équité dans la répartition des ressources. Les inégalités d’accès aux infrastructures de base illustrent l’urgence d’une réforme fiscale prenant en compte les besoins de tous.
Vers une réforme de la gestion fiscale
Face à ces enjeux, il est grand temps que le Gabon envisage une réforme de sa gestion fiscale. La transparence dans l’utilisation des fonds est cruciale pour restaurer la confiance des citoyens. Des mécanismes de suivi et d’évaluation doivent être instaurés afin de s’assurer que les ressources sont employées efficacement. Cela pourrait passer par des audits réguliers et des rapports détaillant l’utilisation des fonds de la RUR et de la taxe sur les ordures ménagères.
De plus, une consultation des citoyens serait bénéfique pour mieux comprendre leurs attentes et besoins en matière d’infrastructures et de services. En incluant les voix des Gabonais dans le processus décisionnel, le gouvernement pourrait non seulement améliorer la gestion des ressources, mais aussi renforcer le sentiment d’appartenance.
Enfin, l’équité fiscale doit s’accompagner d’une réflexion sur la justice sociale au Gabon. Les inégalités persistantes dans l’accès aux services publics requièrent une approche systémique. Il est essentiel que tous les citoyens, quel que soit leur statut socio-économique, puissent bénéficier des ressources et services financés par les taxes. Cela exigera un engagement fort des autorités et une mobilisation des citoyens pour exiger des comptes et promouvoir une gestion équitable des ressources publiques.