Augmentation du Coût de la Vie au Cameroun
Un Budget en Déclin
Depuis l’arrivée de Paul Biya au pouvoir en 1982, le budget du Cameroun a chuté de manière alarmante. Calxithe Beyala, économiste et analyste politique, note que ce budget, qui rivalisait autrefois avec celui de la Côte d’Ivoire, est désormais comparable à celui du Sénégal, autrefois moins développé. Une telle régression a des conséquences directes sur la capacité de l’État à financer des services publics essentiels et à soutenir les ménages en période économique difficile.
Cette contraction budgétaire s’est traduite par une baisse des investissements dans les infrastructures et les services sociaux. Les familles camerounaises font face à des pressions financières plus lourdes, alors que les dépenses publiques ne répondent pas aux besoins croissants de la population.
La situation budgétaire précaire ne fait qu’aggraver l’augmentation du coût de la vie. L’État, dans l’incapacité de soutenir les ménages, impose des mesures fiscales qui grèvent leur pouvoir d’achat. Les citoyens, déjà affectés par des difficultés économiques, subissent des taxes supplémentaires, notamment sur les transactions de mobile money, renforçant leur détresse financière.
Inflation et Endettement
Le taux d’inflation au Cameroun, qui s’établit récemment à 5,5 %, est un indicateur majeur de l’accroissement du coût de la vie. Célestin Djamen, président de l’Alliance patriotique républicaine (APAR), avertit que la situation pourrait se détériorer d’ici 2025. Bien que l’inflation soit maîtrisée par rapport aux années précédentes, elle continue d’affecter quotidiennement les Camerounais, en particulier les plus vulnérables.
De plus, le pays traverse une période d’endettement croissant, avec une dette publique extérieure frôlant les 13 000 milliards de FCFA. Ce niveau d’endettement impose des coûts d’emprunt élevés, le Cameroun empruntant à 10,7 % sur le marché mondial, contre 5,5 % pour la Côte d’Ivoire. Cette disparité aggrave la pression sur les finances publiques et entrave l’investissement dans des projets de développement.
Les spécialistes s’accordent à dire que la combinaison de l’endettement et d’une inflation persistante crée un cercle vicieux dommageable pour le pouvoir d’achat des ménages. Les familles doivent ainsi faire face à une hausse constante des prix des biens de consommation, compliquant leur quotidien.
Facteurs Exogènes et Défis Internes
Les influences extérieures ont également un rôle central dans l’augmentation du coût de la vie au Cameroun. Dans ses discours, Paul Biya a mentionné les conséquences des conflits internationaux, tels que la guerre en Ukraine et les tensions au Proche-Orient, perturbant les chaînes d’approvisionnement et entraînant des hausses de prix. Ces crises provoquent des pénuries de biens essentiels, exacerbant les difficultés économiques du pays.
La dépendance du Cameroun aux importations, notamment de blé et de produits pétroliers, le rend particulièrement sensible aux fluctuations du marché international. Les crises géopolitiques et les perturbations climatiques aggravent cette vulnérabilité, exposant le pays aux chocs exogènes.
Enfin, des défis internes tels que la mauvaise gestion des ressources et l’état dégradé des infrastructures rendent la situation encore plus complexe. Maurice Kamto, leader politique, souligne que l’état catastrophique des infrastructures et l’augmentation des prix des carburants, résultant de la suppression des subventions, sont des signes d’une gestion inefficace qui entrave le développement économique du Cameroun.
Face à cette conjoncture difficile, plusieurs questions se posent : comment le Cameroun peut-il diversifier son économie et réduire sa dépendance aux importations ? Quelles mesures doivent être mises en œuvre pour améliorer la gestion des ressources et des infrastructures ? Les citoyens peuvent-ils espérer un relèvement de leur pouvoir d’achat prochainement ? Ces interrogations mettent en lumière l’urgence d’une réflexion stratégique pour relever les défis économiques qui se profilent à l’horizon.
