Par Prince Bertoua, pour Africacoeurnews
Kinshasa, RDC – Le silence de la jungle congolaise s’apprête à être brisé. Après six longues années d’un mutisme presque sacré et une année d’exil discret, l’ancien président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila Kabange, annonce son retour imminent au pays, dans un message à fort accent politique et patriotique, confié en exclusivité à Jeune Afrique.
Dans un langage mesuré mais ferme, le « raïs » a levé le voile sur son intention de reprendre part à la destinée congolaise, alors que le pays tangue sous le poids des violences dans l’Est, des tensions institutionnelles et d’une crise de gouvernance généralisée.
« Après six ans de silence absolu, une année d’exil, et compte tenu de la dégradation de la situation sécuritaire à travers tout le pays, ainsi que la déliquescence et le pourrissement qui gangrènent tous les secteurs de la vie nationale qui échappent complètement au contrôle… j’ai pris la résolution de rentrer, sans délai, au pays, afin de contribuer à la recherche de la solution », a-t-il déclaré, avec gravité.
Un retour stratégique, un timing troublant

Le timing de cette annonce ne saurait passer inaperçu. Alors que le pays vit une période charnière, entre réformes politiques incertaines, tensions à l’Est avec le M23, et essoufflement du pouvoir en place, le retour de Kabila résonne comme un séisme silencieux. L’ancien président, qui avait volontairement quitté la scène en 2019 pour céder le fauteuil à Félix Tshisekedi, redevient aujourd’hui un acteur central de la scène nationale.
« Pour des raisons évidentes liées à la paix et la sécurité, et après avoir rencontré quelques chefs d’État, des anciens chefs d’État de la région et d’autres acteurs politiques et sociaux, nationaux et étrangers qui s’intéressent à la crise congolaise… », poursuit-il.Son message est clair : le temps de l’observation est terminé. Celui de l’action a sonné.
L’Est, priorité du Raïs

Mais plus encore, c’est la symbolique de son point d’entrée qui interpelle. « J’ai décidé de commencer par la partie orientale, parce qu’il y a péril en la demeure », affirme-t-il. Kabila, né à Hewa Bora dans le Maniema, connaît cette région pour l’avoir gouvernée, traversée, et défendue. Son choix d’y poser d’abord les pieds est hautement stratégique, comme un signal lancé aux groupes armés, aux communautés meurtries, et à un pouvoir central parfois accusé de passivité.
Un come-back à surveiller de près

Que peut changer le retour de Kabila ? Est-ce un baroud d’honneur ou le prélude d’un retour politique d’envergure ? Sera-t-il perçu comme un sauveur national ou un acteur du passé tentant de rejouer la partition ? Les spéculations vont bon train, dans les chancelleries comme dans les rues de Kinshasa, Goma ou Lubumbashi.
Une chose est certaine : la République démocratique du Congo n’a pas fini de nous surprendre, et Joseph Kabila, quoi qu’on pense de lui, reste une pièce maîtresse de l’échiquier.
Le silence est fini. La partie recommence. https://www.jeuneafrique.com/1676831/politique/exclusif-joseph-kabila-annonce-son-retour-en-rdc-sans-delai/