Chute de la productivité agricole en RDC
Facteurs de déclin de la productivité
La République démocratique du Congo (RDC) traverse une crise agricole marquée par un déclin alarmant de sa productivité. Autrefois, dans les années 1960, l’agriculture comptait pour 70 % du PIB. Aujourd’hui, ce secteur vital est assailli par de multiples problèmes, tant structurels que conjoncturels. Parmi eux, l’effondrement de cultures pérennes, telles que le cacao, le café et l’huile de palme, qui formaient des sources de revenus cruciales pour les agriculteurs.
Les infrastructures déficientes, notamment des routes rurales impraticables, constituent un obstacle majeur. Prenons la province de la Tshopo. Dans le territoire d’Opala, 790 km de voies sont désormais en piteux état, rendant l’acheminement des produits agricoles vers les marchés particulièrement difficile. Dominique Kasimba, entrepreneur engagé dans le Programme de mise en valeur des savanes et forêts dégradées (PSFD), souligne que le manque de routes praticables entrave les efforts visant à accroître la production.
Par ailleurs, l’accès limité à l’électricité aggrave le tableau. À Kisangani, seulement 23 % de la population dispose de l’électricité. Ce chiffre chute à 0,8 % dans les territoires voisins. La centrale hydroélectrique de la Tshopo ne produit actuellement que 2,5 MW, bien en deçà des 15 MW de sa capacité initiale. Cette situation limite considérablement la transformation agricole, pourtant essentielle pour valoriser les produits locaux.
Défis politiques et économiques
Le cadre politique et économique en RDC intensifie la chute de la productivité agricole. Le manque d’investissements publics et le déficit de coordination entre les niveaux national et local freinent le développement du secteur. De plus, l’absence d’une banque de crédit agricole rend l’accès au financement particulièrement ardu pour les agriculteurs, compliquant la modernisation des pratiques agricoles.
Julien Paluku, ministre congolais du commerce extérieur, a récemment fait état de l’urgence de diversifier l’économie et de revitaliser l’agriculture lors de la 46e édition de la Foire internationale de Kinshasa (FICKIN). Il a fait valoir que la reprise des prix des matières premières pourrait offrir une opportunité de renforcer les exportations et d’améliorer les comptes commerciaux. Mais sans politiques agricoles adaptées et investissements conséquents, ces ambitions pourraient rester vaines.
Quadratus Mangaza, responsable de la société Bora, a également attiré l’attention sur la situation précaire de la filière huile de palme. Sous-exploitée à cause de plantations vieillissantes et d’un manque d’organisation, sur 38 000 hectares cultivés, seuls 13 000 hectares sont encore en activité. Cela met en lumière l’urgence d’une intervention ciblée.
Initiatives pour relancer le secteur
En réponse à ces défis, plusieurs initiatives ont été lancées pour revitaliser l’agriculture en RDC. Le Programme de mise en valeur des savanes et forêts dégradées (PSFD) encourage la production locale. Grâce à ce programme, environ 450 tonnes de semoule de maïs ont été produites, réduisant ainsi les importations en provenance de l’Ouganda. En 2024, l’extension à 1 000 hectares pourrait permettre d’atteindre 3 000 tonnes, marquant un pas significatif vers l’autosuffisance alimentaire.
De plus, Mangaza exhorte à un soutien accru pour la filière huile de palme, qui est cruciale pour les foyers. Il appelle à la création d’un fonds de garantie pour aider les petits producteurs à accéder au financement et à l’amélioration des infrastructures routières, impactant directement les prix et la compétitivité des produits agricoles.
Il est impératif d’investir dans la recherche et la formation pour développer des semences de qualité et optimiser la production. Malgré les défis, la demande d’huile de palme reste forte. Un soutien accru pourrait positionner cette filière comme un moteur économique majeur pour la Tshopo et la RDC entière.
Les enjeux de la productivité agricole en RDC suscitent des interrogations fondatrices concernant l’avenir de l’agriculture dans le pays. Comment les autorités peuvent-elles créer un environnement propice à la croissance du secteur ? Quelles mesures concrètes doivent être mises en œuvre pour améliorer les infrastructures et faciliter l’accès au financement ? Les réponses à ces questions détermineront la relance de l’agriculture, ainsi que la sécurité alimentaire et la prospérité économique de la RDC pour les années à venir.