Bilan de la consommation de drogues au Gabon
État des lieux de la consommation de drogues
Le 17 décembre 2024, Herman Immongault, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, a soumis un bilan préoccupant de la consommation de drogues au Gabon lors d’une audition devant les députés de la transition. La cocaïne, bien que moins courante que le cannabis et les médicaments psychotropes, représente 5,8 % des cas de toxicomanie, la plaçant en troisième position parmi les drogues les plus consommées. En effet, le cannabis domine avec 51 % des utilisateurs, suivi par les médicaments psychotropes, qui comptent 39 % des consommateurs.
Ce tableau inquiétant souligne une problématique de santé publique grandissante, notamment chez les jeunes. Immongault a indiqué que l’Ogooué-Maritime est un foyer de consommation de cocaïne, particulièrement le long des axes Libreville-Ntoum et Lambaréné-Port-Gentil. Cette concentration questionne l’accessibilité et la disponibilité des substances illicites dans ces régions.
Les chiffres révèlent une tendance inquiétante : la consommation de drogues, surtout chez les jeunes, accentue l’insécurité dans le pays. Beaucoup d’entre eux, souvent au chômage, se tournent vers le trafic de stupéfiants comme unique moyen de subsistance, entraînant un cercle vicieux alimentant dépendance et criminalité.
Les réseaux de trafic et leur impact
Le ministre a également révélé l’implication de l’Université Omar Bongo (UOB) dans le trafic de stupéfiants. Malgré les efforts pour contrer ce phénomène, y compris la destruction d’un refuge pour trafiquants en 2019, la vente de drogues continue sur le campus. Les réseaux de trafic, souvent dirigés par des étrangers, surtout des Nigérians, impliquent en majorité des jeunes Gabonais de moins de 31 ans.
Un coup de filet en octobre 2024 à l’UOB a conduit à l’arrestation d’un chef de réseau, surnommé Romain, en possession de drogues et de matériel de vente. Cet incident met en lumière la persistance du trafic et l’implication croissante des jeunes dans ces activités illicites. Les répercussions ne se limitent pas à l’université ; elles s’étendent aux quartiers environnants, exposant des adolescents, comme ceux du Lycée d’application Nelson Mandela, à des influences néfastes.
Les conséquences de cette situation sont multiples. D’une part, drogues et trafic engendrent un climat d’insécurité. D’autre part, cela représente un défi majeur pour les autorités en matière de santé publique et de prévention. Les jeunes, souvent vulnérables, se retrouvent piégés dans un cycle d’addiction et de criminalité, nécessitant une réponse concertée de la part des pouvoirs publics.
Réponses et perspectives d’avenir
Face à cette crise alarmante, le ministre Immongault a appelé à des mesures de contrôle renforcées et à des campagnes de sensibilisation pour protéger la jeunesse gabonaise. Une approche intégrée, alliant prévention, traitement et répression, est plus urgente que jamais. Les autorités doivent s’attaquer aux réseaux de trafic, tout en offrant des alternatives aux jeunes en matière d’emploi et d’éducation.
Des initiatives, telles que des programmes de sensibilisation dans les écoles et des partenariats avec des ONG, pourraient s’avérer clés dans la lutte contre la consommation de drogues. Parallèlement, il est crucial de renforcer les capacités des forces de l’ordre pour démanteler ces réseaux criminels et limiter l’approvisionnement en stupéfiants.
En somme, le bilan révèle des enjeux complexes nécessitant une action concertée. La jeunesse doit être protégée des dangers des drogues tant au niveau de la santé que de la sécurité. Les questions demeurent : comment les autorités comptent-elles répondre à cette crise ? Quelles actions concrètes seront entreprises pour inverser cette tendance inquiétante ?