samedi 24 mai 2025
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Séraphin Moundounga, l’homme qui a refusé l’imposture !

En politique, l’histoire finit toujours par juger les hommes. Elle pèse les postures, scrute les silences, et consacre parfois ceux qui ont osé, au milieu du vacarme de la compromission. À cet égard, le nom de Séraphin Moundounga mérite d’être inscrit en lettres fermes dans la mémoire collective du Gabon.

En septembre 2016, alors que le pays vacillait au bord du chaos électoral, il fut l’un des rares à dire non à l’imposture. Non à ce que beaucoup voyaient, mais que peu osaient dénoncer publiquement : une confiscation du pouvoir, une trahison démocratique. Alors vice-premier ministre, garde des Sceaux, Moundounga avait tout à perdre. Pourtant, face à la farce institutionnelle qui suivit l’élection présidentielle, il décida de démissionner — un geste rarissime dans le microcosme politique gabonais. Ce fut un acte de rupture, une gifle donnée à l’hypocrisie d’un système qui se drapait encore dans les habits d’une légalité de façade.

Pendant ce temps, Alain-Claude Bilie-By-Nze, l’un des visages les plus visibles du pouvoir Bongo, affichait une fidélité sans faille. Porte-parole du gouvernement, ministre, Premier ministre même en bout de course, il aura été l’un des architectes du discours officiel justifiant l’injustifiable. Jusqu’au bout, il a défendu l’indéfendable, tissant la toile du récit d’un pouvoir que le peuple, lui, contestait dans la rue, dans les urnes, et dans sa chair.

Aujourd’hui, ironie de l’histoire, Bilie-By-Nze se présente en chantre de la légalité, en homme d’État soudainement converti à la vertu constitutionnelle. Mais peut-on effacer d’un revers de main des années de soutien à une gouvernance entachée de doutes, de morts et de mensonges ? Peut-on se réclamer légaliste après avoir été le bras armé de l’illégitime ?

À cette question, le courage tranquille de Moundounga apporte une réponse éclatante. Non, l’intégrité ne se décrète pas : elle se prouve, dans les instants de crise, dans les choix que l’on fait quand la vérité coûte cher. Son nom, jadis effacé des cercles du pouvoir, résonne aujourd’hui comme celui d’un homme resté debout quand tant d’autres se sont couchés.

Et ce 5 mai 2025, l’Histoire semble lui rendre justice. En le nommant vice-président de la République, le président Brice Clotaire Oligui Nguema – qui a prêté serment samedi dernier – ne se contente pas d’un choix politique. Il pose un acte symbolique fort. Il reconnaît, au plus haut niveau de l’État, la valeur de la droiture, la constance du refus face à l’injustice, la fidélité aux principes dans la tempête.

Cette nomination n’est pas qu’un retour : elle est un signal. Celui que le Gabon nouveau se construit avec ceux qui ont résisté, et non avec ceux qui ont profité. Elle vient rappeler que, parfois, dire non est le premier pas vers l’avenir.

Et si le Gabon doit bâtir une nouvelle ère, il gagnerait à se souvenir de ceux qui ont dit non. Pas après. Mais pendant. Au bon moment.https://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/09/19/gabon-demissionnaire-le-garde-des-sceaux-d-ali-bongo-denonce-des-tentatives-d-assassinat_4999765_3212.html

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