C’était pressenti, c’est désormais officiel. Le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, vient de nommer deux figures emblématiques de l’intelligentsia gabonaise à de hautes fonctions de l’État. Le Dr Séraphin Moundounga hérite du poste de Vice-Président de la République, pendant que le Professeur Alexandre Barro Chambrier est promu Vice-Président du Gouvernement. Une double nomination que la rédaction d’AfricaCœurNews avait anticipée dans sa dernière analyse des dynamiques du pouvoir de transition.
Mais au-delà de l’effet d’annonce, qui sont véritablement ces deux hommes appelés à épauler le président Oligui Nguema dans une phase cruciale du renouveau gabonais ?
Dr Séraphin Moundounga : l’homme de justice et de rupture

Ancien ministre de la Justice, Dr Séraphin Moundounga s’est illustré depuis des années comme l’un des rares hommes d’État à avoir osé la rupture avec l’ancien régime. Démissionnaire en 2016 après les violentes contestations post-électorales, il avait dénoncé publiquement les dérives institutionnelles, choisissant l’exil plutôt que la compromission.
Docteur en droit, professeur d’université, homme de principes, il est perçu par beaucoup comme une conscience morale. Son retour aux affaires, dans un contexte de refondation politique, sonne comme une réhabilitation mais surtout comme un appel à l’intégrité et à la restauration de l’État de droit.
À la Vice-présidence, il sera attendu sur des dossiers lourds : réformes constitutionnelles, dialogue républicain, justice transitionnelle. Sa rigueur intellectuelle et son engagement pour la démocratie sont des atouts indéniables.
Pr Alexandre Barro Chambrier : le stratège économique

Le Pr Alexandre Barro Chambrier, quant à lui, n’est plus à présenter. Ancien ministre, ex-haut fonctionnaire au FMI et président du Rassemblement pour la Patrie et la Modernité (RPM), il combine expérience internationale et engagement patriotique. Économiste de renom, il a plusieurs fois proposé des alternatives concrètes à la gouvernance financière du pays.
Son profil de technocrate engagé, doublé d’un charisme politique affirmé, en fait une pièce maîtresse dans l’architecture gouvernementale. En tant que vice-président du gouvernement, il devrait jouer un rôle transversal dans la coordination des politiques publiques, notamment en matière économique et sociale.
Il est aussi l’un des rares leaders à avoir toujours prôné un changement de système sans appel à la violence, ce qui fait de lui un acteur crédible pour fédérer, rassurer et convaincre.
Des choix stratégiques pour un Gabon nouveau ?

La nomination de ces deux figures, au-delà des équilibres politiques qu’elle illustre, marque surtout la volonté du président Oligui Nguema d’ancrer sa transition dans le sérieux, la compétence et la réconciliation. Il envoie un signal fort : le temps des calculs partisans semble révolu. Place aux bâtisseurs.
Mais le défi est immense : comment traduire les recommandations du Dialogue National Inclusif en actions concrètes ? Comment réconcilier le pays avec son histoire, son peuple avec ses institutions ?
Le tandem Moundounga – Barro Chambrier a désormais la lourde tâche de montrer que l’élite gabonaise peut aussi rimer avec vision, courage et résultats. Le peuple observe. Le continent aussi.
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