mercredi 8 janvier 2025
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Régime Présidentiel au Gabon : Vers l’Autoritarisme ?

Évolution du Régime Présidentiel au Gabon

Les Fondements du Régime Présidentiel avec Léon MBA

Après l’indépendance du Gabon en 1960, la Constitution du 21 février 1961 a marqué un tournant décisif dans l’organisation politique du pays. Léon MBA, le premier président, a instauré un régime présidentiel, persuadé qu’un exécutif fort était vital pour faire face aux défis d’un nouvel État. Influencé par des traditions politiques bonapartistes, MBA souhaitait éviter les crises fréquentes du parlementarisme, souvent perçu comme instable en Afrique. Jean RISTERUCI, Haut Représentant de la République française au Gabon, a même qualifié le coup de force de MBA de « raisonnable », rappelant que le parlementarisme en Afrique était souvent factice.

Cette concentration des pouvoirs s’est manifestée par des méthodes parfois discutables. Pourtant, MBA justifiait ses actions par le besoin d’assurer la stabilité du pays. À cette époque, le Gabon faisait face à des défis économiques et sociaux majeurs. MBA croyait fermement qu’un gouvernement centralisé pourrait mieux répondre à ces enjeux. Cependant, cette approche a ouvert la voie à des dérives autoritaires, le pouvoir exécutif empiétant sur des prérogatives qui auraient dû être partagées.

En somme, l’ère de Léon MBA a posé les bases d’un régime présidentiel. Bien que justifiée par des impératifs de développement, cette ère a amorcé une tendance envers l’autoritarisme, concentrant le pouvoir entre les mains d’un seul homme.

Omar BONGO : Amplification de l’Autoritarisme

Omar BONGO ONDIMBA, en accédant au pouvoir en 1967, hérite du système instauré par MBA mais ne se contente pas de le maintenir ; il l’intensifie. La révision constitutionnelle de février 1967 facilite sa succession pacifique et renforce encore la concentration des pouvoirs. En 1968, il crée le Parti Démocratique Gabonais (PDG), devenu parti unique, consolidant ainsi son emprise sur la scène politique.

Entre 1967 et 1983, BONGO orchestre plusieurs modifications constitutionnelles visant à renforcer son autorité. Ces changements réduisent le rôle des institutions démocratiques, érigeant un système où le président détient des prérogatives quasi absolues. Le PDG, en tant que parti unique, reçoit des attributions constitutionnelles qui légitiment cette concentration du pouvoir. Certains qualifient cette évolution de présidentialisme rationnalisé, tandis que d’autres, comme Marc MVE BEKALE, la considèrent comme un hyperprésidentialisme menaçant la démocratie.

La période de BONGO est marquée par une stabilité apparente, dissimulant une réalité autoritaire où les libertés politiques sont gravement restreintes. Les élections, souvent perçues comme des simulacres, sont le reflet d’une opposition étouffée. L’intensification du parcours vers l’autoritarisme s’impose sous son règne, les institutions jouant un rôle peu plus que de façade.

Vers un Autoritarisme Institutionnalisé

Au début des années 1990, le Gabon connaît une vague de démocratisation perturbant les configurations autoritaires. Néanmoins, malgré l’adoption de la Constitution de 1991, qui institue un régime semi-présidentiel, la domination présidentielle persiste. Cette Constitution, consensuelle, est souvent interprétée selon les caprices du pouvoir, permettant à l’exécutif de conserver une mainmise sur les affaires de l’État.

Les « 15 glorieuses » (1970-1985), période de développement, sont également marquées par la consolidation d’un régime autoritaire. Le coup d’État militaire d’août 2023, justifié par un manque de démocratie, illustre la frustration face à un système qui a centralisé le pouvoir sous MBA et BONGO. Cet événement est perçu à la fois comme une réponse à des décennies de gouvernance oppressive et comme une source d’interrogations sur l’avenir démocratique du pays.

La récente adoption d’une nouvelle Constitution et la proclamation de la Vème République marquent un tournant significatif. Cependant, ce retour à un régime présidentiel suscite des inquiétudes quant à la pérennité des acquis démocratiques. Lévi Martial Midepani souligne que le référendum de 2024 pourrait représenter un retour à des modèles institutionnels historiques. Le Gabon est-il réellement sur le point de tourner la page de l’autoritarisme, ou s’engage-t-il sur une voie familière ?

La trajectoire du Gabon, de Léon MBA à Omar BONGO, révèle comment un régime présidentiel peut, sous couvert de stabilité et de développement, évoluer vers la concentration des pouvoirs et l’autoritarisme institutionnalisé. Alors que le pays se trouve à un carrefour historique, il est crucial de s’interroger : Quelles leçons tirer de cette histoire pour éviter de répéter les erreurs du passé ? Le Gabon peut-il vraiment embrasser une démocratie authentique, ou est-il destiné à revivre les cycles de l’autoritarisme ?

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