Dans les hauteurs verdoyantes qui bordent le lac Victoria, là où le chant des oiseaux épouse le silence sacré des plantations, un fil invisible est en train de relier l’Ouganda à un marché mondial : celui de la soie. À Mukono, à une heure de route de Kampala, un projet discret mais audacieux est en train de métamorphoser la vie rurale. Et au centre de cette révolution silencieuse, un nom commence à résonner : Waiswa Aggrey Mubeerwa.

À 32 ans, Waiswa ne dirige pas une multinationale, mais il incarne l’esprit même d’une Afrique qui innove, qui se relève, qui rêve. Recruté par Seres Textile Company Limited, il supervise une usine de sériciculture au cœur des terres rouges d’Ouganda. Dans un entrepôt construit en 2019, les vers à soie s’installent, grandissent et promettent. Il attend, tel un capitaine son navire, l’arrivée de la machine d’extraction qui permettra enfin de transformer les cocons en or textile, ouvrant ainsi les portes de l’exportation.
Mais cette aventure n’est pas seulement entrepreneuriale. Elle est aussi géopolitique. Elle incarne la coopération Sud-Sud à son plus bel exemple, avec la FAO, le Gouvernement ougandais et le Ministère chinois de l’agriculture en toile de fond. Un partenariat tissé de savoir-faire, de patience et d’espérance.

L’Ouganda ne pouvait rêver meilleur environnement : une humidité bienveillante, des températures parfaites et des collines prêtes à accueillir des mûriers, dont les feuilles sont le festin exclusif des vers à soie. Ce qui n’était qu’un projet pilote est devenu réalité. À la fin 2024, 200 000 boutures ont été distribuées à 35 agriculteurs, et 44 autres ont été formés à l’art subtil de la sériciculture.
Ces agriculteurs, parfois longtemps relégués à des cultures à faible rendement comme le maïs, découvrent un monde nouveau. Un kilogramme de soie peut se négocier à 50 dollars en Chine, soit dix fois plus que les revenus agricoles traditionnels. C’est plus qu’un revenu : c’est une dignité retrouvée, une jeunesse qui reste au village, un avenir à construire sans exode.
Et dans les yeux de Waiswa, lorsqu’il parle des cocons encore suspendus aux tables d’élevage en bois, on lit plus qu’un projet professionnel. On lit une conviction : que l’Afrique n’a pas besoin de copier pour briller. Elle doit simplement cultiver ses propres richesses, et tisser avec audace le fil de son propre destin. https://www.fao.org/newsroom/story/out-of-its-cocoon/en