Symbole d’un Gabon maître de sa souveraineté
À Libreville, le vent du renouveau souffle avec puissance sur les vestiges d’une époque révolue. L’ex-camp De Gaulle, autrefois bastion de la puissance militaire française au cœur du Gabon, s’est métamorphosé en une institution stratégique : l’Académie Militaire. Une reconversion porteuse de sens et de symbole, à l’image d’une nation qui reprend avec fermeté les rênes de sa destinée.
Cette transformation majeure s’inscrit dans la droite ligne de la vision politique et stratégique Président de la République, Chef de l’État, et Chef Suprême des Forces de Défense et de Sécurité, le Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, élu à 90,35 % des suffrages dimanche dernier par les Gabonais à la suite de la présidentielle du 12 Avril et après avoir passé 19 mois à la tête du pays en qualité de président de la transition. Le message est sans équivoque : le Gabon se réapproprie ses infrastructures vitales et les met au service de ses propres ambitions.
« Ça ne fait que commencer. Il l’a promis, il l’a fait », clament avec fierté plusieurs cadres militaires, témoins et artisans de cette évolution historique. En effet, le camp De Gaulle, lieu emblématique chargé de mémoire, cède la place à un espace de formation d’élite, au service du pays et, au-delà, du continent africain.
L’histoire de cette Académie n’est pas ordinaire. Fermée en 2020 après avoir vu le jour au Mali, elle trouve au Gabon un nouveau souffle. Une renaissance saluée avec émotion par son actuel commandant, le Colonel Éric Ivala : « Je suis un produit de cette école, et aujourd’hui, je la retrouve dans mon pays. Mieux encore, j’en suis le commandant. Forcément, j’en suis fier. » Ces mots vibrants traduisent la profondeur du symbole : l’institution revient entre les mains de ceux qu’elle a formés, désormais porteurs de son avenir.
Dès les premières heures, l’Académie affiche ses ambitions. Si elle se veut ouverte à l’international, les premières cohortes sont largement composées de jeunes gabonais, disciplinés, en tenue, concentrés. Ils incarnent cette volonté de bâtir une élite militaire nationale, formée localement, compétente et consciente de ses responsabilités.
La mutation du site militaire s’accompagne d’un autre signal fort : le retrait progressif du matériel et du personnel français, autrefois omniprésents. De 1 200 hommes, il ne reste plus aujourd’hui qu’environ 200 éléments, chargés d’une mission strictement technique et pédagogique, sous la supervision des autorités gabonaises. Les chars et blindés, eux, quittent peu à peu le territoire, symbolisant une rupture nette avec la tutelle militaire étrangère.
Mais l’Académie Militaire ne se contente pas de l’instruction aux armes. Elle ambitionne une approche globale, intégrant une école d’administration militaire, un pôle environnemental, ainsi que des modules sur la gestion des ressources naturelles et la prévention des risques. C’est là une vision profondément moderne de l’armée, conçue comme actrice du développement, de la protection de l’environnement et de la résilience nationale.
À travers cette reconversion exemplaire, le Gabon s’érige en modèle d’affirmation souveraine et de construction stratégique. Il témoigne d’une volonté ferme : forger lui-même les piliers de sa défense, dans un cadre maîtrisé, autonome et résolument tourné vers l’avenir.
Une ère nouvelle s’ouvre ainsi sur les cendres d’un passé de dépendance. Et de Libreville, le signal est clair : le continent africain peut – et doit – écrire lui-même les chapitres de sa sécurité et de son destin.
