Le Tchad, le Congo et la Libye dans la ligne de mire
Donald Trump est de retour. Et avec lui, le retour des mesures controversées. En début de semaine, l’ancien président américain redevenu candidat favori à la présidentielle de novembre, a signé une proclamation interdisant l’entrée aux États-Unis aux ressortissants de 12 pays, dont plusieurs africains. Le Tchad, la République du Congo et la Libye sont concernés. Cette décision a aussitôt provoqué une onde de choc à travers le continent.
Officiellement, la Maison-Blanche justifie cette interdiction par des « raisons de sécurité nationale » et la nécessité de « protéger le territoire américain contre des menaces terroristes ». Un argument déjà entendu… en 2017, lors du tristement célèbre Muslim Ban.
Une mesure ciblée, aux allures d’exclusion

La liste noire comprend :
Afghanistan
Birmanie (Myanmar)
Tchad
République du Congo
Guinée équatoriale
Érythrée
Haïti
Iran
Libye
Somalie
Soudan
Yémen
Ces ressortissants se voient interdire l’accès aux États-Unis, que ce soit pour des voyages touristiques, professionnels ou académiques. Seules quelques exceptions seront accordées, notamment pour les résidents permanents ou les personnes détenant une double nationalité.
Dans les faits, la mesure pénalise surtout la jeunesse africaine qui espérait poursuivre des études ou développer des opportunités économiques aux États-Unis.
Un événement déclencheur, un contexte électoral

Selon Washington, cette décision fait suite à un attentat survenu récemment dans l’État du Colorado, commis par un migrant en situation irrégulière. Le président Trump, fidèle à son style direct, a saisi cette opportunité pour faire passer un message de fermeté.
Mais pour de nombreux observateurs, cette sortie spectaculaire s’inscrit d’abord dans un contexte électoral tendu. En misant sur la peur, l’exclusion et le repli identitaire, Donald Trump cherche à galvaniser sa base électorale conservatrice.
Silence à Libreville, inquiétude à N’Djamena

Au Gabon, aucune réaction officielle n’a encore été enregistrée. Mais dans les chancelleries africaines, l’heure est à la stupeur. À N’Djamena, le Tchad, allié stratégique de l’Occident dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, peine à cacher son incompréhension. À Brazzaville, la République du Congo tente de calmer le jeu. Seule la Somalie a clairement affiché son intention de négocier avec les autorités américaines.
Cette décision met en péril des projets d’études, des programmes de coopération universitaire, des partenariats économiques et surtout, des vies humaines suspendues à un visa.
Une fracture de plus entre Washington et l’Afrique

Dans les milieux de la société civile gabonaise, la mesure est perçue comme une provocation. « C’est un retour en arrière. On ferme la porte à toute une jeunesse africaine alors qu’on prône les partenariats gagnant-gagnant avec l’Afrique », déplore un ancien boursier de la fondation Mandela Washington Fellowship.
Aux États-Unis, les critiques fusent aussi. Plusieurs élus démocrates, des ONG et des figures afro-américaines dénoncent une mesure « discriminatoire et raciste ». Des recours judiciaires sont déjà en cours de préparation.
Et maintenant ?

Cette proclamation prévoit d’être réévaluée tous les 90 jours. Il est donc possible que certains pays soient retirés de la liste si leur coopération sécuritaire s’améliore… ou si la pression diplomatique monte.
Mais pour l’instant, cette décision confirme une chose : la vision du monde portée par Donald Trump reste marquée par la méfiance, le cloisonnement et l’exclusion.
Et pour l’Afrique, l’Amérique de Trump semble à nouveau refermer ses portes. https://www.france24.com/fr/vid%C3%A9o/20250605-donald-trump-interdit-aux-ressortissants-de-12-pays-d-entrer-aux-%C3%A9tats-unis