Cap sur la souveraineté halieutique
Dans un discours à forte charge symbolique et politique, le Président de la République, Chef de l’État et Chef du Gouvernement, a posé un acte fort : la dénonciation unilatérale de l’Accord de Partenariat de Pêche Durable (APPD) liant le Gabon à l’Union européenne. Une décision historique, marquant un tournant décisif dans la quête d’une souveraineté économique assumée et concrète.
Un accord devenu obsolète

Signé en 2007 et reconduit à plusieurs reprises, le dernier renouvellement de cet accord était en vigueur depuis 2021 pour une période de six ans. Mais pour le Chef de l’État, cette relation n’a plus lieu d’être dans sa forme actuelle. Avec une fermeté sans équivoque, il a dénoncé un partenariat qu’il qualifie de profondément déséquilibré, où les bénéfices engrangés par les flottes européennes contrastent crûment avec les maigres retombées économiques pour le Gabon.
« Il ne saurait être reconduit en l’état », a-t-il tranché, soulignant l’iniquité d’un modèle qui vide les eaux gabonaises tout en laissant l’État supporter, seul, les coûts de contrôle, de surveillance et d’entretien du domaine halieutique.
Une rupture stratégique

L’article 13 de l’accord permettra la mise en œuvre rapide de cette dénonciation, par notification écrite à la Commission européenne. Un geste fort, qui ouvre la voie à une renégociation sur des bases plus équilibrées, ou à la construction de nouveaux partenariats, enfin arrimés aux intérêts nationaux.
Mais au-delà de la dénonciation, c’est un cap que fixe désormais le Président : bâtir une filière halieutique structurée, nationale, créatrice d’emplois, de richesses, et surtout de souveraineté.
Des ambitions claires, des exigences concrètes

Le Chef de l’État n’a pas seulement exprimé une volonté politique ; il a énoncé des priorités précises. Parmi celles-ci : la mise en place d’infrastructures critiques, telles que des zones de débarquement modernes, des entrepôts frigorifiques, des unités de transformation industrielle ou encore des chantiers navals.
Il a aussi pointé du doigt l’absence d’investissements tangibles des partenaires européens dans le développement local, la formation ou le transfert de compétences. Une carence qui, conjuguée à un manque de mécanismes de transparence scientifique, fait peser un risque réel de surexploitation.
Une exigence de résultats

« Cette orientation n’est plus une ambition déclarative, mais une exigence de mise en œuvre rapide et effective », a martelé le Président, appelant à la mobilisation immédiate de toutes les administrations concernées et à la recherche active de partenaires privés solides.
L’objectif est clair : faire du thon et des autres ressources halieutiques un levier stratégique pour l’économie gabonaise. Non plus comme simple matière première bradée à l’export, mais comme produit transformé localement, générant emplois, savoir-faire et indépendance économique.
Une nouvelle ère pour le secteur de la pêche

Cette décision s’inscrit dans une dynamique plus large de reprise en main des leviers économiques stratégiques du pays, amorcée depuis le 30 août 2023. À travers cette rupture assumée, le Gabon envoie un message clair : le temps des accords déséquilibrés et des dépendances consenties est révolu.
La souveraineté économique, souvent invoquée, prend ici corps dans un secteur longtemps marginalisé. Reste désormais à transformer cette vision en résultats tangibles. Le cap est fixé, les attentes sont élevées, et le compte à rebours a déjà commencé.