Ce jeudi 22 mai 2025 restera gravé dans les annales politiques de la République Démocratique du Congo comme le jour où le mythe de l’intouchabilité a vacillé. Dans une ambiance électrique et sous haute tension sécuritaire, la commission spéciale du Sénat a recommandé la levée de l’immunité du sénateur à vie Joseph Kabila Kabange, l’ancien chef de l’État. Une décision explosive qui jette une onde de choc sur l’ensemble de la classe politique congolaise et au-delà.
Une rupture historique avec le passé

Joseph Kabila, au pouvoir de 2001 à 2019, avait jusque-là échappé à toute procédure judiciaire, protégé par son statut et un pacte de non-agression tacite avec ses successeurs. Mais aujourd’hui, le voile de l’impunité semble se déchirer. L’ancien « raïs », héritier d’une dynastie politique, est désormais exposé à la justice ordinaire comme tout citoyen.
En toile de fond : des soupçons persistants de détournements de fonds publics, de malversations durant ses mandats et des révélations issues des rapports de l’Inspection Générale des Finances, longtemps restés lettre morte. La pression populaire et l’exigence de redevabilité finissent donc par rattraper celui que beaucoup considéraient encore comme une figure intouchable du pouvoir congolais.
Un bras de fer aux conséquences incalculables

Mais à quel prix ? Car toucher à Joseph Kabila, c’est ébranler un système profondément enraciné dans les arcanes sécuritaires, économiques et militaires du pays. Ses réseaux, encore puissants dans les provinces du Katanga, dans les entreprises publiques stratégiques et au sein de l’armée, pourraient réagir avec virulence. Ce geste du Sénat, s’il est salué par une frange de la société civile, pourrait provoquer des remous politiques, voire des tensions sécuritaires, dans un pays déjà fragile.
Des voix s’élèvent déjà pour dénoncer un « règlement de comptes » politique, certains y voyant la main du pouvoir actuel pour écarter définitivement un rival encombrant à l’approche des échéances de 2028. D’autres, au contraire, saluent un acte de courage politique et un signal fort dans la lutte contre l’impunité.
L’histoire en marche, mais jusqu’où ?

Le sort de Joseph Kabila n’est désormais plus une affaire privée ou de coulisses, c’est une affaire d’État, une affaire de justice. Cette décision du Sénat ouvre un chapitre incertain mais capital pour la RDC, pays à la croisée des chemins entre la tentation de la revanche politique et l’exigence d’une démocratie fondée sur la redevabilité.
La population, encore traumatisée par des décennies de conflits et de gouvernance opaque, observe, hésitante entre espoir et crainte. Le peuple congolais retient son souffle. L’histoire est en marche.Et désormais, plus rien ne semble arrêter la chute de l’ancien tout-puissant de Kinshasa.
À suivre…