samedi 14 juin 2025
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Mbanié : pourquoi le Gabon a-t-il le droit de contester ?

La récente décision de la Cour internationale de justice (CIJ) sur les îles Mbanié, Conga et Cocotiers a provoqué un séisme diplomatique au Gabon. Jugée juridiquement contraignante, elle n’en demeure pas moins politiquement et moralement discutable. C’est ce que rappelle avec acuité l’analyste Victor Mefe, qui remet sur la table une vérité trop souvent étouffée par le conformisme diplomatique : le droit de refuser l’injustice est une prérogative souveraine.

Cette posture audacieuse n’est ni un appel à la rébellion ni un déni du droit international. Elle est une exigence de lucidité dans un monde où le droit, parfois, se fait complice des héritages coloniaux et des déséquilibres géopolitiques. Le Gabon, comme tout État digne de ce nom, n’a pas à courber l’échine devant une décision qu’il estime inéquitable, surtout lorsque celle-ci touche à l’essence même de sa souveraineté : son territoire, ses ressources, sa dignité nationale.

L’histoire internationale est jalonnée d’exemples d’États qui ont, pour des raisons légitimes, tourné le dos à des décisions de justice internationale. Le Maroc continue de défier l’avis de la CIJ sur le Sahara Occidental. Israël a balayé d’un revers de main la condamnation de son mur en Cisjordanie. Les États-Unis, champions du droit lorsqu’il sert leurs intérêts, ont ignoré la Cour après leur condamnation dans l’affaire du Nicaragua. Et que dire de la Chine, de la Russie, de la Turquie — puissances qui n’hésitent pas à faire primer la souveraineté sur la lettre du droit ?

Ce double standard est connu. Il est donc permis, et même salutaire, que le Gabon refuse une soumission aveugle à une décision qu’il juge injuste. Cela ne signifie pas que le pays s’éloigne du droit. Au contraire : cela signifie qu’il refuse que ce droit soit instrumentalisé, qu’il devienne l’outil d’une recolonisation juridique.

La justice ne se résume pas à un verdict. Elle se construit aussi sur la mémoire historique, sur les dynamiques sociales, sur le consentement des peuples. La légalité n’est rien sans légitimité. Et si le droit international ignore les cicatrices du passé, les réalités géopolitiques, ou les aspirations des populations, alors il devient un droit creux, déconnecté, inapplicable.

Il ne s’agit pas ici d’encourager l’isolement, ni la confrontation. Il s’agit de rappeler que le Gabon peut, s’il le juge nécessaire, suspendre l’application d’une décision qui heurte ses intérêts vitaux. C’est une position politique forte, assumée, légitime. Et cette fermeté n’exclut pas le dialogue : elle le rend plus équilibré.

Le temps est venu pour les dirigeants gabonais de poser un acte symbolique fort : affirmer que leur loyauté première va non pas à une juridiction étrangère, mais au peuple gabonais. Car en définitive, ce peuple ne demande qu’une chose : que son pays soit défendu avec courage, intelligence et dignité. https://www.union.sonapresse.com/fr/differend-frontalier-gabon-guinee-equatoriale-la-cij-tranche

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