La scène politique gabonaise entre dans une nouvelle phase, subtile mais décisive. Si le coup de tonnerre du 30 août 2023 avait semblé enterrer le Parti Démocratique Gabonais (PDG), reléguant l’ex-parti au pouvoir dans les limbes de l’histoire, ses derniers mouvements laissent présager une autre lecture. Loin d’un repli, le PDG ajuste ses ambitions et vise désormais une reconquête stratégique : celle du Parlement et des collectivités locales.
Ce qui paraissait hier improbable devient aujourd’hui plausible. En apportant un soutien clair à la candidature de Brice Clotaire Oligui Nguema à la tête de l’État, le PDG ne s’est pas contenté d’un geste symbolique. C’était aussi un calcul politique. À l’heure où les élections législatives, locales et sénatoriales se profilent, l’ancien mastodonte entend faire valoir son ancrage territorial, son expérience électorale et son réseau de cadres aguerris.
« Le Parti Démocratique Gabonais présentera bel et bien des candidats », a confirmé un de ses responsables avec une assurance qui en dit long sur les ambitions du vieux parti. En toile de fond, une volonté de peser de nouveau sur les décisions nationales, cette fois depuis l’hémicycle et les conseils locaux.
Face à cette manœuvre, le président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, se retrouve à un carrefour stratégique. La création d’une formation politique crédible, à la fois ancrée dans la société et porteuse de ses idéaux de probité, d’humilité et de réforme, devient une urgence politique. Car si les « jeunes bâtisseurs » qu’il soutient incarnent l’espoir du renouveau, leur capacité à fédérer et convaincre reste, à ce stade, une équation ouverte.
Mais Oligui Nguema ne manque pas d’atouts. Autour de lui gravitent des profils solides, des figures respectées, parfois discrètes, mais au capital politique réel auprès des populations. Avec eux, il pourrait jeter les bases d’un nouveau mouvement politique capable non seulement de rivaliser avec le PDG sur le terrain, mais aussi de redéfinir les contours d’une gouvernance rénovée.
À quelques mois d’échéances électorales décisives – septembre, octobre et décembre – le Gabon entre dans une phase de recomposition où chaque formation affine ses pions. Le PDG joue la carte du retour. Le président, celle de la refondation. Le verdict, lui, viendra des urnes.
