C’est un gouvernement de mission. Un gouvernement d’urgence. Un gouvernement sous haute surveillance populaire. Depuis le 5 mai dernier, le Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, a dévoilé la composition du tout premier gouvernement de la Ve République gabonaise, quelques heures après avoir prêté serment le 3 mai devant une Nation en quête de rupture et de renaissance. À peine installé, ce nouvel exécutif est déjà face à une équation complexe : restaurer la confiance, impulser une dynamique nouvelle et, surtout, prouver que les promesses du septennat ne resteront pas lettres mortes.
Un héritage lourd, une attente immense

Depuis le coup de Libération du 30 août 2023, les Gabonais ont retrouvé la voix. Et cette voix clame haut et fort : finie l’immobilité, finie l’impunité, finies les promesses sans lendemain. Le gouvernement d’Oligui Nguema hérite d’un pays fracturé par des décennies de gouvernance opaque, d’inégalités territoriales criantes et d’une jeunesse en déshérence. À cette réalité s’ajoute une administration souvent sclérosée, minée par la corruption et le clientélisme.
Dès lors, le premier défi de ce gouvernement est celui de l’efficacité immédiate. Car l’heure n’est plus à la transition, mais à l’action. L’État doit se remettre à fonctionner au service du peuple, non d’une élite accrochée à ses privilèges.
Des mesures fortes pour rompre avec l’ancien monde

Pour faire de son gouvernement une véritable machine de transformation, le chef de l’État – qui est aussi chef du gouvernement selon la nouvelle Constitution – devra prendre des décisions claires, courageuses et impopulaires s’il le faut.D’abord, en assainissant l’administration publique, en y imposant une culture du résultat, de la transparence et de la redevabilité. Cela passe par des audits systématiques, la fin des postes de confort, et une réhabilitation de la méritocratie.
Ensuite, en libérant l’économie des cercles de rente, en soutenant les PME locales, en redonnant du souffle au secteur informel et en accélérant la diversification économique. Le chômage massif ne peut plus être une fatalité.Troisièmement, le président devra relancer sans délai les grands chantiers sociaux : éducation, santé, eau, routes, logement. Le Gabon profond attend plus qu’un discours. Il attend de l’eau potable au robinet, des classes dignes de ce nom, des centres de santé fonctionnels. Et vite.
Enfin, Oligui Nguema devra restaurer l’État de droit, renforcer les institutions, protéger les libertés fondamentales et garantir la justice pour tous. La paix sociale ne sera durable que si la justice est impartiale et les droits respectés.
Un cap, un rythme, une méthode

Le septennat lancé le 3 mai impose un rythme clair : pas de temps à perdre. Chaque ministre doit être un bâtisseur, non un gestionnaire d’agenda. Chaque décision doit être suivie d’effet. Il faudra instaurer une culture de l’évaluation continue, des résultats mesurables, et de la sanction positive ou négative.Dans un contexte de transition démocratique encore fragile, le Président Oligui Nguema joue une partie serrée. Il est le visage de l’espoir pour des millions de Gabonais, mais aussi la cible d’un scepticisme né d’années de désillusion.
Conclusion : le moment de vérité
Le premier gouvernement de la Ve République gabonaise a entre ses mains un moment historique. L’histoire ne retient pas ceux qui promettent, mais ceux qui transforment. Le peuple regarde, évalue, attend. Le temps du verbe est révolu. Place au temps de l’acte.Car au Gabon, plus que jamais, gouverner c’est prouver. Et vite.