Libreville, 16 avril 2025 – Il est des silences qui pèsent plus que des cris. Le football gabonais, et au-delà tout un continent, s’est réveillé ce matin avec le cœur serré et l’âme orpheline. Aaron Boupendza, l’enfant terrible de Mounana devenu globe-trotteur des pelouses, s’est éteint brutalement cette nuit en Chine. Il n’avait que 28 ans.
Selon les premières informations relayées par fanatik.ro, le buteur gabonais aurait chuté du 11ᵉ étage d’un immeuble à Hangzhou, ville où évolue son club, le Zhejiang FC. L’enquête est en cours, oscillant entre l’accident tragique et l’hypothèse glaçante d’un suicide. Le mystère reste entier, le chagrin, lui, est déjà infini.
Marius Șumudică, entraîneur du Rapid Bucarest – l’un de ses anciens clubs – a confirmé la terrible nouvelle avec une voix nouée d’émotion, rapporte gsp.ro. « Aaron était plus qu’un joueur, c’était une âme, un battant, un artiste du but », a-t-il soufflé.
De Libreville à Hangzhou, le long voyage d’un félin du football

Formé au CF Mounana, Boupendza avait ce feu sacré des attaquants qui ne doutent jamais de leur étoile. Passé par Bordeaux sans réellement exploser, il s’était affirmé à Pau, puis à Tours, avec une faim de ballons et une insatiable envie de prouver.
La suite, ce fut une odyssée de talents : le Portugal, la Turquie, le Qatar, l’Arabie Saoudite, les États-Unis, la Roumanie…Avant que la Chine ne l’accueille fin janvier dernier, avec une offre de 800 000 euros de Zhejiang FC au Rapid. Là encore, il avait embarqué avec sa valise pleine de rêves et de promesses.
Mais le 14 avril, Aaron n’est pas venu à l’entraînement. Silence radio. Personne ne savait. Peut-être que lui-même ne savait plus. Et ce matin, c’est un Gabon meurtri qui tente de comprendre l’inexplicable.
Un destin brisé, une nation effondrée

Aaron Boupendza, c’était aussi le chant d’un pays. Son but contre l’Angola, ses accélérations fulgurantes, son sourire immense, sa fougue, sa tendresse silencieuse… L’attaquant était une figure aimée, parfois incomprise, mais jamais oubliée. Il incarnait ce que le football peut avoir de plus beau et de plus cruel : l’éclat et la fragilité.
Aujourd’hui, les pelouses se taisent, les crampons sont lourds, et les cœurs des Gabonais, en particulier des jeunes qui rêvaient à travers lui, saignent d’un chagrin discret mais profond.
Adieu, Aaron. Ton but ultime était peut-être celui-ci : nous rappeler que derrière les millions, il y a des hommes, des douleurs, des absences. Et que chaque étoile, même filante, laisse dans le ciel une trace que le temps ne saura effacer.