Enjeux fonciers à Douala : L’affaire Japoma

Contexte de l’annulation des titres fonciers
Le 3 juillet 2025, l’annulation du titre foncier de 289 hectares à Japoma a provoqué une onde de choc à Douala. Cette décision, émanant du Conservateur Foncier du Wouri, découle d’un jugement du Tribunal Administratif du Littoral rendu le 22 novembre 2018. Celui-ci a invalidé les titres fonciers n°34535/W et 37711/W, ainsi que plusieurs titres dérivés, entraînant des conséquences considérables pour les occupants des terrains concernés.
Cette annulation est le fruit d’un long enchevêtrement de litiges fonciers qui ont affligé la région. Les enjeux immobiliers sont amplifiés par des conflits d’intérêts opposant les autorités locales, les investisseurs privés et les communautés villageoises. Au coeur de ce débat, la Collectivité Villageoise de Japoma-Bakoko, représentée par MOUNDI Isaac et ses Consorts, soulève des questions cruciales sur la légitimité des titres de propriété et la sécurité des occupants.
Il est essentiel de comprendre que cette décision judiciaire transcende le simple cadre juridique. Elle met en lumière les tensions sociales et économiques qui règnent à Douala. La ville, en plein essor, subit une pression croissante sur ses ressources foncières, rendant la situation encore plus complexe.

Conséquences pour les occupants et les investisseurs
Les répercussions de l’annulation des titres fonciers sont multiples. Pour de nombreux occupants, ces terres représentent à la fois un foyer et un placement financier. L’incertitude juridique engendrée par cette décision suscite des inquiétudes concernant la sécurité de leur occupation. Ces derniers redoutent des expulsions, pouvant entraîner des parcours de vie bouleversés et des affrontements sociaux.
Les investisseurs, quant à eux, se retrouvent dans une position vulnérable. L’annulation des titres remet en cause la faisabilité de leurs projets, qu’ils soient résidentiels, commerciaux ou industriels. Des experts en droit foncier, tel que Me Jean-Claude Ngue, mettent en garde : cette situation risque de décourager de futurs investissements, aggravant ainsi la crise foncière à Douala.
À l’échelle locale, les acteurs économiques s’inquiètent des conséquences sur l’emploi et le développement. La perte de confiance dans la sécurité foncière pourrait ralentir la réalisation de nouveaux projets, essentiels à la prospérité de la ville. Ainsi, l’annulation des titres ne se limite pas à une simple question légale ; elle impacte profondément les dimensions économiques et sociales de la région.

Perspectives d’avenir et solutions potentielles
Face à cette crise foncière, plusieurs réflexions émergent. D’abord, il est crucial d’engager un dialogue constructif entre toutes les parties prenantes. Les autorités locales, les représentants des communautés et les investisseurs devraient se rassembler afin de définir des solutions durables qui prennent en compte les intérêts de chacun. Des médiations peuvent faciliter ces échanges pour prévenir une escalade des tensions.
Une révision des procédures d’attribution des titres fonciers s’avère également nécessaire. La transparence et la rigueur dans la gestion des titres de propriété sont essentielles pour regagner la confiance des citoyens et des investisseurs. Des initiatives pour régulariser les terres occupées de manière informelle pourraient être envisagées, visant à sécuriser les droits des occupants tout en sauvegardant les intérêts des investisseurs.
Enfin, il est impératif d’intégrer des mécanismes de protection des droits fonciers des communautés locales dans les politiques publiques. Cela pourrait se traduire par l’élaboration de lois plus strictes sur l’attribution et la gestion des terres, garantissant ainsi une meilleure préservation des droits des populations vulnérables.
Les enjeux fonciers à Douala, exacerbés par l’annulation du titre foncier de Japoma, soulèvent des questions essentielles sur la justice sociale, la sécurité juridique et le progrès économique. Comment les autorités locales et les communautés peuvent-elles collaborer afin de bâtir des solutions durables ? Quelles leçons pouvons-nous tirer de cette situation pour prévenir des crises similaires à l’avenir ? Autant de réflexions à approfondir pour imaginer un Douala plus serein et prospère.