Il est des mystères au Gabon qui défient le temps, l’espace, et parfois même la logique. Dans ce cercle très restreint des énigmes républicaines, la fameuse liste des indemnisés des quartiers « Derrière l’Assemblée » et « Plaine Orety » semble désormais avoir acquis le statut de légende urbaine.
La semaine dernière, le très honorable ministre du Logement, Ludovic MEGNE NDONG, l’air solennel et la déclaration assurée, affirmait attendre pour le mardi suivant la liste des bénéficiaires des indemnisations, annoncée comme imminente et confiée aux bons soins du cabinet de Me Benga, huissier de justice.

Mardi est passé. Puis mercredi. Puis jeudi. Et finalement, dans un souffle, le ministre a reconnu avoir reçu une partie de la liste. Une centaine de noms. Pas plus. Une mise en bouche administrative, pourrait-on dire.
Mais voilà : les Gabonais attendent toujours. Attendent non pas la suite, mais la publication de cette première liste. Où est-elle ? Dans un tiroir ? Dans une clé USB oubliée ? A-t-elle été remise aux archives nationales dans un geste symbolique ? Ou bien a-t-elle simplement été absorbée par ce grand vortex qu’est le silence institutionnel ?
Les hypothèses vont bon train. Les plus poètes affirment qu’elle a été imprimée sur du papier transparent. Les plus mystiques murmurent qu’elle est entre les mains d’un marabout administratif en charge de la bénédiction des documents sensibles. Les plus terre-à-terre redoutent qu’elle ait été classée sous le libellé habituel : « À publier après agitation populaire ».

Pendant ce temps, les déguerpis comptent. Non pas les millions qui, eux, tardent à venir mais les jours passés sous la pluie, les nuits à ciel ouvert, les espoirs déçus et les silences persistants des autorités.
Alors, une question légitime résonne dans les ruelles de Libreville, les marchés de PK12 et jusque dans les salons où l’on refait le monde :« Où est cette liste, Monsieur le Ministre ? »
Personne ne demande l’impossible. Le peuple ne veut ni miracle, ni contorsion technocratique. Il veut simplement savoir qui a été indemnisé. Une centaine de noms, noir sur blanc. Pas besoin d’un parchemin sacré. Un simple fichier PDF fera l’affaire.
Et si, par hasard, cette liste avait été malencontreusement égarée, il reste une solution : faire appel aux chercheurs de trésors publics les plus déterminés de la République ou les citoyens gabonais eux-mêmes. Eux sauront la retrouver. À condition, bien sûr, qu’elle ait jamais existé.
http://Gabon : mais où est donc la liste des indemnisés attendue ?