Défis financiers du programme de transformation structurelle au Cameroun

Un contexte économique complexe
Le Cameroun, à l’instar de nombreux pays africains, se heurte à des défis économiques majeurs qui freinent sa croissance. Le programme de transformation structurelle, désigné sous le nom de programme 022, vise à stimuler cette croissance. Néanmoins, des obstacles financiers considérables entravent son avancement. En 2023, le taux d’exécution physique du budget d’investissement public était de 74,56%, ne progressant que légèrement à 74,99% en 2024. Ces chiffres, bien que positifs à première vue, cachent une réalité préoccupante : l’objectif annuel de 100% demeure hors de portée, soulevant d’importantes interrogations quant à l’efficacité des projets en cours.
Ce tableau économique est d’autant plus complexe en raison d’une dépendance accrue aux financements extérieurs et à l’aide internationale. Les fluctuations des prix des matières premières, particulièrement celui du pétrole, affectent directement les recettes de l’État. Face à cette réalité, le gouvernement se trouve dans une situation délicate, jonglant avec des priorités budgétaires concurrentes, ce qui complique l’exécution des projets d’investissement. Des experts, tels que le professeur Jean-Claude Mbarga, appellent à une révision des priorités budgétaires pour optimiser l’allocation des ressources.
Par ailleurs, le besoin de financement pour des travaux de première génération en cours a conduit à une baisse notable de la proportion de projets du Programme d’Investissement Prioritaire (PIP) inscrits au budget de l’État, tombant à 68% en 2024. Ce décalage met en lumière les tensions entre les projets en cours et ceux planifiés, créant un véritable goulot d’étranglement dans l’exécution du programme de transformation.

Les contraintes budgétaires et leur impact
Les contraintes budgétaires se situent au cœur des défis financiers du programme de transformation structurelle. Le Cameroun est confronté à un déficit budgétaire croissant, qui limite ses capacités d’investissement. Les dépenses publiques sont souvent priorisées pour des secteurs tels que la santé et l’éducation, laissant peu de marge pour des projets transformateurs.
De surcroît, la gestion de la dette publique représente un défi sélectif. Selon la Banque mondiale, la dette camerounaise a atteint des niveaux alarmants, entraînant des coûts d’emprunt élevés et restreignant l’investissement dans des infrastructures essentielles. Les économistes suggèrent une approche plus rigoureuse en matière d’endettement, axée sur des financements à faible coût et une diversification des sources de financement.
Les retards dans l’exécution des projets exacerbent également la situation. Des procédures administratives lourdes et la corruption endémique ajoutent des délais, entraînant des coûts supplémentaires et une perte de confiance parmi les investisseurs. Le programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) souligne que la transparence et la responsabilité dans la gestion des fonds publics sont primordiales pour surmonter ces obstacles.

Vers une solution durable
Pour surmonter ces défis financiers, le Cameroun doit envisager des solutions novatrices et durables. Cela pourrait passer par le renforcement des partenariats public-privé (PPP), indispensables pour mobiliser des ressources supplémentaires. Les PPP représentent une alternative crédible pour financer des infrastructures tout en allégeant la pression sur le budget national. Le Rwanda, par exemple, a habilement attiré des investissements privés grâce à des modèles de PPP efficaces, offrant un modèle à suivre pour le Cameroun.
Parallèlement, la diversification de l’économie s’impose. Réduire la dépendance aux matières premières est essentiel. Le Cameroun doit développer des secteurs tels que l’agriculture, le tourisme et les technologies de l’information. Cela exigerait des investissements dans la formation et le perfectionnement des compétences, afin de préparer une main-d’œuvre capable de répondre aux exigences d’une économie diversifiée.
Enfin, la mise en place de mécanismes de suivi et d’évaluation rigoureux est cruciale pour garantir l’usage efficace des fonds. Les enseignements tirés des projets précédents doivent être intégrés dans la planification des futurs investissements, afin de prévenir les erreurs passées. En adoptant une approche proactive et en impliquant les parties prenantes, le Cameroun pourra espérer surmonter les défis financiers liés à son programme de transformation structurelle.
Les défis financiers du programme de transformation structurelle au Cameroun soulèvent des questions essentielles sur la pérennité de la croissance économique. Comment le pays peut-il équilibrer ses priorités budgétaires tout en investissant dans son avenir ? Quelles réformes sont indispensables pour assurer une mise en œuvre efficace des projets ? Ces interrogations méritent une attention soutenue afin de garantir un développement durable et inclusif.