samedi 14 juin 2025
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TOGO : Faure Gnassingbé sur le chemin du départ ?

Le Togo traverse une période de turbulence politique sans précédent. Depuis le vendredi 6 juin, la capitale Lomé est le théâtre de manifestations de grande ampleur contre le pouvoir en place. Les jeunes togolais, galvanisés par les récentes réformes constitutionnelles controversées, réclament désormais ouvertement le départ de Faure Essozimna Gnassingbé, Président du Conseil des ministres, et figure centrale du régime depuis deux décennies.

Une jeunesse à bout de souffle

Le déclencheur immédiat de cette vague de colère : l’arrestation fin mai du rappeur engagé Aamron, dont les textes dénoncent la misère, la corruption et l’inaction des dirigeants. Sa détention arbitraire a allumé la mèche d’un feu déjà couvant. Les réseaux sociaux, bien que partiellement bloqués, ont relayé les appels à manifester dans plusieurs quartiers de Lomé : Bè, Agoè, Tokoin, entre autres.

« On n’en peut plus. Ce pays est pris en otage par une seule famille depuis des décennies ! », lance un manifestant cagoulé, joint par téléphone, tandis qu’en arrière-plan résonnent cris et sirènes.

Une réforme mal digérée

Depuis la révision constitutionnelle d’avril 2024, Faure Gnassingbé a renforcé son pouvoir en devenant Chef du Conseil des ministres, un poste clé dans un régime parlementaire qui, selon les critiques, camoufle une présidence à vie. Ces modifications institutionnelles, votées sans référendum populaire, ont provoqué l’indignation au sein de la population et de la diaspora.

Les opposants dénoncent une stratégie de confiscation du pouvoir par des voies pseudo-légales. L’idée d’une alternance pacifique semble de plus en plus illusoire, alimentant la radicalisation d’une jeunesse désabusée.

Répression et silence présidentiel

Les manifestations ont été violemment réprimées. Gaz lacrymogènes, interpellations arbitraires, coupures d’internet, intimidations : le gouvernement a opté pour la manière forte. Au moins 29 personnes auraient été arrêtées, selon des sources de la société civile.

Malgré cela, Faure Gnassingbé reste muet sur la situation. Il s’est contenté d’un message laconique de remerciement à ses soutiens, à l’occasion de son anniversaire, sans aborder la crise.

Une colère profonde

Au-delà du cas Aamron, c’est toute une génération qui se lève contre l’immobilisme, la pauvreté croissante, la fermeture du champ politique et l’absence de perspectives.Les partis de l’opposition, longtemps affaiblis et divisés, tentent de se réorganiser autour d’une plateforme commune. Certains leaders exilés appellent à une transition démocratique encadrée par des instances internationales.

Vers un point de bascule ?

Alors que la pression monte, plusieurs analystes commencent à évoquer un tournant historique. La comparaison avec les mobilisations de 1990 ou encore celles du Burkina Faso en 2014 revient fréquemment.

« Nous assistons à un moment charnière. Si les manifestations prennent de l’ampleur, le pouvoir ne pourra pas continuer à répondre uniquement par la force », affirme un politologue togolais basé à Paris.

Et maintenant ?

La question reste entière : Faure Gnassingbé est-il sur le chemin du départ ?

Si l’homme fort du Togo refuse pour l’instant tout compromis, l’étau semble se resserrer. Entre pression populaire, isolement diplomatique progressif et contestation grandissante, l’hypothèse d’un changement de régime, longtemps impensable, n’est plus totalement exclue.

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