Tarif Forfaitaire pour l’Accouchement : Un Tournant à Yaoundé

Une Réponse aux Défis Financiers des Femmes Enceintes
Le 29 avril 2025, l’Hôpital Central de Yaoundé a annoncé l’instauration d’un tarif forfaitaire de 90 000 Fcfa pour l’accouchement. Cette mesure vise à alléger le fardeau financier pèsant sur les femmes enceintes. Ce forfait inclut le suivi prénatal ainsi que l’accouchement, comprenant diverses consultations et examens. Les sages-femmes accueillent cette initiative comme une réponse potentielle aux problèmes d’insolvabilité qui affectent tant de femmes.
Le cas de Mikake Véronique, emprisonnée pendant plus de six mois en 2023 pour une facture non réglée de 279 000 Fcfa après un accouchement prématuré, illustre tragiquement cette réalité. Ce fait met en avant les conséquences désastreuses d’un système de santé où les coûts peuvent mener à des violations des droits humains. Grâce à ce tarif forfaitaire, l’Hôpital Central espère non seulement réduire les cas d’insolvabilité, mais aussi offrir un accès équitable aux soins pour toutes les femmes, indépendamment de leur situation financière.
Cette mesure pourrait également inciter les femmes à rechercher des soins prénataux, essentiels pour la santé maternelle et infantile. Un suivi régulier durant la grossesse peut prévenir de graves complications tant pour la mère que pour l’enfant. En rendant ces soins plus accessibles, le système de santé camerounais a le potentiel d’améliorer significativement ses indicateurs de santé maternelle.

Les Réactions des Professionnels de la Santé
Des professionnels de la santé, tels que le Dr Albert Ze, expriment des réserves concernant les défis persistants du système de santé camerounais. Dans une lettre adressée au président Paul Biya en 2022, il a souligné le manque de prévention et les difficultés d’accompagnement des patients. Bien que le tarif forfaitaire soit un pas positif, il est crucial de le replacer dans le cadre plus large des réformes nécessaires au sein du système de santé.
Les sages-femmes, souvent en première ligne des soins maternels, considèrent cette initiative comme une opportunité d’améliorer la qualité des soins. Toutefois, elles insistent sur le besoin de ressources supplémentaires pour que les établissements de santé puissent faire face à une potentielle augmentation du nombre de patientes. La formation continue et le soutien logistique sont des éléments clés pour assurer le succès de cette initiative.
En 2019, des propositions avaient été formulées pour trouver des solutions durables aux problèmes du système de santé, mais peu de progrès a été accompli depuis. L’introduction de ce tarif forfaitaire pourrait être perçue comme une réponse aux préoccupations exprimées, à condition qu’elle soit soutenue par une volonté politique forte pour réformer le paysage de la santé au Cameroun.

Vers un Système de Santé Plus Équitable ?
L’instauration d’un tarif forfaitaire pour l’accouchement à l’Hôpital Central de Yaoundé pourrait symboliser le début d’une transformation majeure du système de santé camerounais. En rendant les soins plus accessibles, cette initiative pourrait aider à réduire les inégalités en matière de santé. Néanmoins, il est impératif d’évaluer les implications à long terme de cette mesure.
La question se pose : ce modèle pourra-t-il être étendu à d’autres établissements à travers le pays ? La réussite de cette initiative dépendra de la capacité du gouvernement à mobiliser des ressources et à garantir que la qualité des soins soit maintenue. Il sera également essentiel de suivre l’impact de cette mesure sur les indicateurs de santé maternelle et infantile dans les mois et années à venir.
Enfin, cette initiative soulève des interrogations plus vastes sur la manière dont le Cameroun peut réformer son système de santé pour le rendre à la fois équitable et durable. Les défis sont nombreux, mais avec une volonté politique sérieuse et un engagement collectif, il est possible d’espérer un avenir où chaque femme enceinte puisse accéder aux soins dont elle a besoin, sans craindre pour sa liberté ou sa dignité.