Un geste rare à l’aube du conclave
Dans une déclaration aussi sincère que singulière, l’archevêque de Rabat, le cardinal Cristobal Lopez Romero, a annoncé son retrait de la course à la papauté, à trois jours de l’ouverture du conclave au Vatican. Un geste rare et audacieux qui fait déjà couler beaucoup d’encre dans les couloirs feutrés du Saint-Siège.
« Si je suis élu, je m’enfuis en Sicile », a-t-il lâché avec une pointe d’ironie au quotidien italien Il Messaggero, balayant d’un revers de main toute ambition pontificale. À 72 ans, le cardinal, proche des idéaux du pape François et figure emblématique des « périphéries » – ce concept cher au feu souverain pontife –, n’a jamais caché son aversion pour les jeux de pouvoir au sein de l’Église. « Je n’ai absolument aucune ambition. Je ne pourrais jamais m’imaginer dans ce rôle », a-t-il précisé.
Un acte de renoncement d’autant plus marquant que la tradition veut que les candidats potentiels au trône de Pierre gardent un silence absolu sur leur position. En rompant ce code non écrit, Cristobal Lopez Romero envoie un message fort : pour lui, l’Église ne saurait se construire sur la soif de pouvoir. « Ceux qui désirent cette fonction sont souvent motivés par cette soif, » a-t-il souligné, dénonçant implicitement les ambitions cléricales qui minent parfois les hautes sphères vaticanes.
Alors que les tractations s’intensifient derrière les murs du Vatican, ce retrait ne modifie pas fondamentalement les équilibres du scrutin – le cardinal espagnol ne figurait pas parmi les grands favoris. Mais son geste redonne un souffle de lucidité et d’humilité dans un processus souvent enveloppé de mystère et d’ambition.
Ce samedi matin, la neuvième congrégation générale s’est tenue en présence de 177 cardinaux, dont 127 électeurs âgés de moins de 80 ans, selon Matteo Bruni, directeur du service de presse du Vatican. Le dimanche sera consacré à la prière et à la messe, mais dès lundi, les consultations reprendront de plus belle avec des sessions renforcées, matin et après-midi, à la veille d’un conclave très attendu.
Dans une Église en quête de renouveau et de réponses face aux crises morales, spirituelles et sociales du monde contemporain, le geste du cardinal Lopez Romero résonne comme un cri de vérité. Peut-être aussi comme une prière : celle de voir le prochain pape incarner moins la puissance que l’espérance. https://riposte-catholique.fr/archives/203021
