samedi 24 mai 2025
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RDC : Vers une levée d’immunité pour Joseph Kabila ?

Un vent glacial souffle sur les hauteurs feutrées du Palais du Peuple. Le 30 avril dernier, les autorités congolaises ont frappé un grand coup : une requête officielle visant la levée de l’immunité parlementaire du sénateur à vie Joseph Kabila a été déposée au Sénat. À la clef, des accusations lourdes, aux relents de cataclysme : trahison, crimes de guerre, crimes contre l’humanité et participation à un mouvement insurrectionnel. L’ancien chef de l’État, longtemps intangible, semble désormais rattrapé par les ombres sanglantes de l’Est congolais.

Le symbole d’une rupture

Joseph Kabila, président de la République démocratique du Congo de 2001 à 2019, jouissait d’une immunité sénatoriale à vie, privilège réservé aux anciens chefs d’État. Aujourd’hui, ce statut vacille. Selon le ministre de la Justice Constant Mutamba, « la justice congolaise a rassemblé des preuves tangibles et irréfragables » mettant en lumière l’implication directe de l’ancien président dans les atrocités perpétrées dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu par la rébellion du M23.

Dans une déclaration au ton grave, le ministre a précisé : « L’auditeur général des FARDC, sur injonction du garde des Sceaux, a déposé ce jour le réquisitoire demandant l’autorisation de poursuite contre le sénateur à vie Joseph Kabila. » Une démarche sans précédent qui résonne comme un tournant historique pour une République longtemps confrontée à l’impunité de ses élites.

Une justice face à son destin

Au-delà de la charge politique de cette annonce, se dessine un double enjeu : judiciaire et institutionnel. En convoquant Kabila à « venir affronter la justice congolaise et présenter ses moyens de défense », le pouvoir en place envoie un message clair – celui d’un État qui prétend ne plus plier l’échine devant l’intouchabilité d’hier.

Mais Joseph Kabila, discret depuis la fin de son règne, n’est plus en territoire congolais. Selon ses proches, il aurait quitté le pays avant l’élection présidentielle de décembre 2023. Depuis, son parti, le PPRD, a vu ses activités suspendues, accusé de garder un « silence complice » face aux avancées du M23 et de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), plateforme politico-militaire soupçonnée d’être sous sa houlette.

Un duel à distance entre deux héritiers du pouvoir

Félix Tshisekedi, l’actuel président, ne cache plus son hostilité. Ces derniers mois, il a publiquement pointé du doigt son prédécesseur, l’accusant de fomenter une insurrection et de chercher à replonger le pays dans le chaos. Les offensives répétées du M23, qui a conquis Goma en janvier puis Bukavu en février, nourrissent ces soupçons. L’Est du Congo, toujours en proie aux violences, devient le théâtre d’un affrontement silencieux entre deux figures majeures de l’histoire récente du pays.

Si le Sénat accède à la demande de levée d’immunité, Joseph Kabila pourrait devenir le premier ancien président congolais à comparaître pour crimes de guerre. Une onde de choc qui ferait date, dans un pays où les lignes de la justice et du pouvoir se sont trop souvent confondues.

Vers une nouvelle ère ou une guerre d’images ?

À Kinshasa, l’opinion est divisée. Certains saluent un acte courageux, d’autres redoutent une manœuvre politique aux visées électoralistes. Quoi qu’il en soit, l’histoire s’écrit sous nos yeux. Si les institutions poursuivent ce chemin sans fléchir, c’est peut-être un Congo nouveau qui se lève, déterminé à panser ses plaies, à revisiter ses douleurs, et à tourner la page de l’impunité présidentielle.

Mais pour que justice soit vraiment rendue, il faudra plus que des mots. Il faudra la vérité. Toute la vérité. Et rien que la vérité.

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