Le 1er mai, les rues s’animent, les banderoles s’élèvent, les syndicats scandent. Des capitales africaines aux mégapoles occidentales, c’est la même date, le même mot d’ordre : honneur au travail, respect au travailleur. Mais derrière cette journée célébrée dans plus de 80 pays se cache une histoire faite de sueur, de sang, et d’une lutte pour la dignité. Retour sur les origines et l’instauration de la Fête du travail.
Aux origines, la braise ouvrière américaine

L’histoire commence loin des palmiers africains, dans les forêts industrielles des États-Unis du XIXe siècle. Nous sommes en 1886. À Chicago, les travailleurs, exténués par des journées de 12 à 14 heures, revendiquent la journée de 8 heures. Le 1er mai, une grève générale éclate. Les manifestations sont massives, tendues. Le 4 mai, à Haymarket Square, une bombe explose. Répression. Plusieurs ouvriers et policiers tombent. L’Amérique condamne à mort des syndicalistes. Mais l’idée, elle, est semée.
Paris 1889 : l’internationalisation d’un combat
Trois ans plus tard, en 1889, à Paris, la IIe Internationale socialiste — une plateforme mondiale de partis ouvriers — décide d’honorer la mémoire des martyrs de Chicago et d’instaurer le 1er mai comme Journée internationale des travailleurs. L’Europe embrasse la cause. La Russie tsariste réprime. La France hésite. Mais la vague est irréversible.
En Afrique, un héritage colonial transformé en tribune sociale
Sur le continent africain, l’ombre du colon a d’abord dicté les règles du jeu. Durant les années 1920-1930, quelques célébrations symboliques sont organisées dans les colonies françaises ou belges, souvent pour calmer les revendications montantes. Mais c’est avec la montée des mouvements anticoloniaux que la Fête du travail change de visage. Elle devient alors un outil d’organisation, un espace d’expression pour les syndicats africains.
Avec les indépendances dans les années 1960, la fête est officiellement reconnue dans presque tous les pays africains. En 1960, le Mali de Modibo Keïta, visionnaire marxiste, donne au 1er mai une ampleur populaire inédite. Le Burkina Faso, le Sénégal, le Ghana, l’Algérie… tous inscrivent la journée dans leur calendrier national.
Une journée entre rituels et revendications

Aujourd’hui, la Fête du travail en Afrique oscille entre tradition et frustration. Elle est souvent marquée par des défilés officiels, des discours présidentiels, mais aussi par des cahiers de doléances restés sans réponse. Le continent africain, qui possède la population active la plus jeune du monde, est aussi confronté à un chômage massif, au travail informel et à la précarité généralisée.
Pour de nombreux travailleurs africains, le 1er mai est donc bien plus qu’un jour férié. C’est un rappel que le combat pour la justice sociale, le respect des droits syndicaux, l’égalité salariale et la sécurité de l’emploi reste inachevé.
Le mot du peuple
Dans les rues de Douala, d’Abidjan, de Cotonou ou de Libreville, les témoignages sont unanimes : « Le 1er mai, c’est notre jour, mais nos voix ne portent pas assez. » Les jeunes, eux, y voient une occasion de réclamer un futur où le travail ne rime plus avec exploitation, mais avec espoir.
Conclusion
La Fête du travail est née dans la douleur et porte encore les cicatrices de siècles d’injustice. Mais elle demeure un phare. Tant qu’il y aura des travailleurs debout, des poings levés, des voix qui dénoncent et construisent, le 1er mai restera une fête de combat, de dignité et de mémoire.