Doha, 19 avril 2025 – La scène diplomatique africaine retient son souffle. À Doha, capitale du Qatar devenue théâtre discret mais crucial de la diplomatie régionale, des pourparlers de haute intensité se poursuivent entre le gouvernement congolais et le groupe armé Alliance du Fleuve Congo (AFC), incluant le M23. En toile de fond : une énième tentative de sortie de crise pour l’Est congolais, ravagé par plus d’une décennie de conflits récurrents.
Depuis plusieurs semaines, les négociations avancent dans une relative discrétion. Mais un signal fort vient d’émerger : selon des sources concordantes au sein de l’AFC/M23 et dans l’entourage de l’ancien président congolais Joseph Kabila, ce dernier s’est rendu à Goma, vendredi 18 avril. Une visite hautement symbolique dans une région sous tension, où l’armée congolaise fait toujours face à des affrontements sporadiques avec les rebelles.
Le retour de Kabila : médiateur ou stratège ?

Le retour de Joseph Kabila à Goma, bastion de son influence politique et région natale, soulève de nombreuses interrogations. Ancien président longtemps resté discret depuis son retrait en 2019, Kabila serait-il en train de jouer les entremetteurs dans un dossier qu’il connaît par cœur ? Pour certains analystes, il chercherait à préserver un rôle central dans la stabilisation de la région. Pour d’autres, il s’agit d’un retour stratégique, dans une perspective électorale future ou de recomposition du paysage politique congolais.
Washington hausse le ton : pression tous azimuts

Pendant ce temps, les États-Unis, très investis dans la recherche d’une désescalade durable, intensifient leur offensive diplomatique. Selon des sources à Washington, l’administration américaine exerce actuellement une pression simultanée sur Kinshasa et Kigali. Le double objectif : contraindre les belligérants à engager une désescalade sur le terrain, et favoriser une issue politique inclusive. Certains observateurs évoquent même des leviers économiques activés à l’égard du Rwanda, accusé de soutenir indirectement les rebelles, accusation que Kigali dément régulièrement.
Un accord possible, mais fragile

Alors que les combats se sont ralentis dans certaines zones du Nord-Kivu, les perspectives de paix restent encore incertaines. Les négociateurs de Doha travaillent sur un cessez-le-feu durable, mais l’équation est complexe. La reconnaissance politique de l’AFC/M23, le sort des populations déplacées, la réforme du commandement militaire dans l’Est et la question de la souveraineté territoriale font partie des points de friction.
Pour l’instant, aucun accord formel n’a été annoncé. Mais le fait même que des négociations directes aient lieu constitue déjà, pour beaucoup, une avancée inespérée. Le Qatar, fort de son rôle d’intermédiaire dans plusieurs conflits africains et moyen-orientaux, joue ici un rôle de facilitateur discret, mais déterminant.
Conclusion : vers un frémissement de paix ?

L’Est congolais a souvent connu de faux départs. Mais cette fois, les dynamiques semblent différentes. L’implication d’acteurs majeurs comme les États-Unis, le retour en scène de figures politiques comme Kabila, et la volonté affichée de part et d’autre de sortir de l’impasse militaire pourraient bien dessiner les contours d’un accord inédit.
Reste à savoir si le fragile équilibre de Doha résistera aux réalités du terrain congolais. Le peuple, lui, attend la paix. Une vraie.