Controverse autour de Shakiro et Maurice Kamto
Une vidéo virale qui divise
Le 16 avril 2025, une vidéo de Shakiro, un transgenre camerounais exilé en Europe, a fait l’effet d’une bombe sur les réseaux sociaux. Dans cet enregistrement, il prétend avoir échangé avec Maurice Kamto, président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), concernant la dépénalisation de l’homosexualité au Cameroun. Cette déclaration, à quelques mois des élections présidentielles programmées pour octobre 2025, suscite des doutes quant à sa véracité et aux motivations politiques qui pourraient l’entourer.
La vidéo s’est répandue comme une traînée de poudre, provoquant des réactions passionnées de la part des partisans et des opposants de Kamto. D’un côté, les défenseurs de Shakiro le considèrent comme un porte-parole pour les droits LGBTQ+ dans un pays où l’homosexualité est criminalisée. De l’autre, certains membres du MRC dénoncent une manipulation visant à ternir l’image de Kamto à l’approche des élections.
Cette situation éclaire les tensions qui existent autour des droits des minorités sexuelles dans un pays où des valeurs conservatrices dominent. En affirmant que Kamto pourrait soutenir la légalisation de l’homosexualité, Shakiro remet en cause les normes traditionnelles, provoquant un débat intense sur la place des LGBTQ+ dans la société camerounaise.
Réaction du MRC et démenti officiel
Dans la foulée de cette polémique, le MRC a réagi avec célérité par le biais d’un communiqué signé par Joseph Emmanuel Ateba, Secrétaire national à la Communication. Le parti y dément formellement toute rencontre entre Kamto et Shakiro, qualifiant ces allégations d’infondées et de manipulatoires. Ateba précise que Kamto n’a jamais croisé Shakiro, ni discuté de ses intérêts, et qu’une légalisation de l’homosexualité n’est pas en phase avec les valeurs du MRC.
Cette réponse vise à protéger l’image de son président et à apaiser les craintes d’une opinion publique volatile à l’approche des élections. Le sujet des droits LGBTQ+ demeure délicat au Cameroun, où la population défend majoritairement des valeurs conservatrices. En se dissociant des propos de Shakiro, le MRC souhaite maintenir son électorat traditionnel tout en évitant de perdre des électeurs potentiels en faveur d’une évolution des mentalités.
Le communiqué a également été perçu comme une tentative du MRC de redéfinir le discours politique sur les droits humains au Cameroun, soulignant la nécessité d’un abord mesuré des questions sociétales. Dans un contexte électoral où chaque déclaration peut avoir des conséquences lourdes, cette position est d’une importance cruciale.
Implications politiques et sociales
La controverse autour de Shakiro et Kamto pose des questions fondamentales sur l’évolution des mentalités au Cameroun. Souvent critiqué pour son traitement des personnes LGBTQ+, le pays voit à travers cette affaire le fossé entre les aspirations des jeunes et les valeurs conservatrices des élites politiques. La vidéo de Shakiro peut être vue comme un appel au changement et à l’acceptation, tout en révélant les tensions sous-jacentes dans la société camerounaise.
Des politiciens tels qu’André Luther Meka, du Rassemblement démocratique camerounais (RDPC), ont déjà commencé à exploiter la controverse pour mobiliser leur base électorale. Meka a lancé une pétition pour demander la dissolution du MRC, l’accusant de défendre des valeurs contraires à celles de la société camerounaise. Ce phénomène démontre comment les droits humains peuvent être utilisés dans le cadre de rivalités politiques, accentuant les clivages au sein de la population.
Avec les élections qui approchent, il devient impératif de se questionner sur l’impact de cette controverse sur le débat public et les choix électoraux. Les électeurs seront-ils sensibles aux arguments en faveur des droits LGBTQ+ ou resteront-ils attachés aux valeurs traditionnelles ? La réponse à cette question pourrait bien être déterminante pour l’issue des élections présidentielles de 2025 et l’avenir du Cameroun.
