Les Dangers du Tribalisme au Cameroun
Une Idéologie de Supériorité Ethnique
Au Cameroun, le tribalisme exacerbé, analysé par Mathias Eric Owona Nguini, dépasse les simples rivalités entre groupes ethniques. Il incarne une idéologie qui pousse parfois des ethnies, telles que les Ewondo, à se considérer comme supérieures. Cette perception peut légitimer des actes de violence et de discrimination envers d’autres communautés. Owona Nguini souligne que cette dynamique est préoccupante ; elle transforme des tensions culturelles en conflits identitaires profonds.
Emmanuel Kengne Pokam, dans son ouvrage « La problématique de l’Unité nationale au Cameroun », préfacé par Maurice Kamto, aborde également cette problématique. Il met en avant comment certaines doctrines renforcent cette idéologie de supériorité, rendant difficile le dialogue interculturel. Quand des groupes se perçoivent comme dominants, cela crée méfiance et rejet, exacerbant ainsi les tensions sociales.
Ce contexte est d’autant plus alarmant dans un pays aussi diversifié que le Cameroun, où les frictions culturelles sont inévitables. Owona Nguini appelle à une tolérance accrue et à une valorisation de cette diversité, plutôt qu’à une compétition entre ethnies qui pourrait mener à des conflits ouverts.
Manipulations Politiques et Chantage Identitaire
Owona Nguini met en évidence le rôle des acteurs politiques dans l’exacerbation du tribalisme. Il accuse le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) d’utiliser un « chantage identitaire » pour manipuler l’opinion publique et stigmatiser leurs opposants. Cette stratégie consiste à désigner les détracteurs comme tribalistes, ce qui non seulement divise la société, mais instille également un climat de peur.
Cette tactique est dangereuse, car elle détourne l’attention des véritables enjeux politiques et sociaux. En accusant les médias de tribalisme, comme l’a récemment fait le Secrétaire général du Mrc, les dirigeants cherchent à contrôler le discours public et à marginaliser les voix dissidentes. Owona Nguini souligne que cette manœuvre délibérée contribue à un climat de tensions identitaires, où la critique constructive est souvent mal interprétée.
Le Conseil national de la Communication (CNC) a réagi à cette dérive, la qualifiant de menace pour la paix sociale. En annonçant des sanctions contre les discours incendiaires, le CNC tente de rétablir un équilibre dans le débat public. Néanmoins, la question demeure : comment restaurer la confiance entre les communautés lorsque le discours politique est profondément ancré dans le tribalisme ?
Vers une Réconciliation Nationale
Face à ces défis, Owona Nguini appelle à une profonde réflexion sur la nécessité d’une réconciliation nationale. Il insiste sur l’importance de promouvoir un discours inclusif valorisant la diversité culturelle du Cameroun. Cela requiert un engagement tant des leaders politiques que de la société civile, pour créer des espaces de dialogue accessibles à toutes les voix.
La lutte contre le tribalisme ne pourra se faire sans éducation à la tolérance et à la coexistence pacifique. Des initiatives pour sensibiliser les jeunes aux dangers du tribalisme et à l’importance de l’unité nationale sont essentielles. L’avenir du Cameroun repose sur la capacité de ses citoyens à transcender les divisions ethniques pour construire une identité nationale commune.
En somme, les implications du tribalisme exacerbées au Cameroun sont multiples et complexes. Elles touchent à la stabilité sociale et à la possibilité d’un avenir paisible et prospère. La question se pose alors : comment les Camerounais peuvent-ils collaborer pour surmonter ces défis et bâtir un pays où chaque citoyen, quelle que soit son origine, se sente valorisé et respecté ?
