jeudi 27 mars 2025
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Laxisme : La Déchéance des Chefs d’État Africains

De Mohamed Bazoum au Niger à Ali Bongo Ondimba au Gabon, un constat amer se dessine : le pouvoir, quand il s’enracine dans l’arrogance et le déni des réalités, ne tarde pas à se retourner contre ses détenteurs.

Dans un continent aux aspirations toujours renouvelées, force est de constater que le pouvoir peut se transformer en une cage dorée où l’orgueil et l’aveuglement politique finissent par étouffer l’essence même de la gouvernance. Le laxisme, le mépris et le manque d’humilité ne sont pas de simples défauts personnels, mais les symptômes d’un système déconnecté des attentes et des souffrances quotidiennes de ses citoyens.

Au Gabon, l’histoire d’Ali Bongo Ondimba incarne avec une cruauté symbolique cette dérive fatale. Âgé de 66 ans et jadis considéré comme le garant d’un pouvoir pérenne, il n’a su reconnaître ni la fragilité de son état de santé ni l’imminence d’un changement inévitable. Plutôt que de quitter la scène avec dignité, il a choisi de laisser son entourage, notamment son épouse Sylvia et son fils aîné Noureddine, prendre les rênes d’une administration en perdition. L’omniprésence de cette main familiale, jugée par beaucoup comme une ingérence excessive, a fini par aliéniser non seulement les forces armées, mais également une frange croissante de civils qui composent désormais le CTRI.

Le coup d’État qui a balayé le pouvoir au petit matin du 30 août 2023 n’est pas apparu comme une surprise pour ceux qui, depuis longtemps, signalaient l’inéluctable déconnexion entre le dirigeant et la réalité du peuple. Considéré par de nombreux Gabonais comme un acte de « libération », ce soulèvement, impliquant aussi bien les forces armées que des civils exaspérés, illustre douloureusement que le pouvoir, lorsqu’il se mue en privilège personnel, engendre inévitablement sa propre fin.

Le cas d’Ali Bongo n’est malheureusement pas isolé. La situation de Mohamed Bazoum au Niger, entre autres exemples, révèle une constante : la dégradation de l’esprit de service public au profit d’une autogestion tyrannique. L’incapacité à reconnaître les limites de son mandat et à se départir d’un pouvoir devenu écrasant est une erreur que trop souvent les chefs d’État africains se répètent, au grand dam des populations qui n’attendent qu’un leadership à l’écoute et réactif.

Au-delà des cas isolés, l’histoire nous enseigne que la légitimité d’un régime repose sur sa capacité à évoluer avec son temps, à s’adapter aux aspirations d’un peuple qui ne cesse de réclamer justice et transparence. Le récit d’Ali Bongo, teinté d’amertume et de désillusion, doit servir de leçon universelle. Il rappelle que le pouvoir n’est pas une fin en soi, mais une responsabilité envers des citoyens dont les espoirs et les besoins surpassent de loin les intérêts personnels.

Alors que l’Afrique se trouve à la croisée des chemins, le moment est venu de repenser les modalités de gouvernance. L’avenir appartient à ceux qui, forts de leurs expériences, oseront renouer avec l’humilité, la transparence et l’écoute. Les tragédies politiques d’hier et d’aujourd’hui, aussi douloureuses soient-elles, doivent éclairer la voie vers un leadership renouvelé, capable de transcender les dérives du passé pour bâtir un continent à la hauteur de ses ambitions.

En définitive, la chute d’Ali Bongo Ondimba, alimentée par un laxisme et un mépris trop humains, nous interpelle tous. Elle nous rappelle que le pouvoir, pour être véritablement légitime, doit rester au service du peuple, et non l’inverse. Le temps est venu pour nos dirigeants de comprendre que la grandeur d’un État réside dans sa capacité à écouter et à évoluer, sous peine de s’effacer devant l’inéluctable révolte des consciences. https://issafrica.org/pscreport/psc-insights/levolution-des-coups-detat-en-afrique

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