Intégration économique en Afrique : enjeux et recommandations

Un contexte économique fragile
La CNUCED a récemment publié son rapport 2024, exposant les défis auxquels sont confrontées les économies africaines. Présenté le 10 février 2025 à Abidjan, ce document souligne que, en 2022, l’Afrique ne représentait que 2,9 % du commerce mondial, bien qu’elle compte pour 16 % de la population globale. Ce déséquilibre est révélateur d’une dépendance excessive aux ressources naturelles, telles que le pétrole et les minéraux, représentant plus de 60 % des revenus d’exportation pour de nombreux pays africains. Cette réalité rend le continent vulnérable aux fluctuations des marchés internationaux.
La fragilité du développement est accentuée par des instabilités politiques, comme les récents coups d’État en Afrique de l’Ouest. Des nations comme le Mali, la Guinée, le Burkina Faso et le Niger ont vu leur progrès compromis. Ces crises entraînent un climat d’insécurité pour les investisseurs et sont une menace pour la stabilité économique. Dans ce contexte, l’intégration économique émerge comme une solution stratégique pour fortifier la résilience face aux chocs extérieurs.
Le rapport met aussi en avant les effets du changement climatique, qui ont touché 110 millions de personnes en 2022. Ce phénomène menace non seulement la sécurité alimentaire, mais aussi la stabilité économique. Ces défis appellent à une action collective, renforçant ainsi l’importance d’une intégration économique accrue sur le continent.

Les bénéfices de l’intégration économique
Souleymane Diarrassouba, ministre ivoirien du Commerce, a souligné l’importance de l’intégration économique dans la gestion des chocs mondiaux. Cette initiative permet de diversifier les économies africaines, de réduire la dépendance aux ressources naturelles, et de développer des chaînes de valeur régionales. Cela pourrait également dynamiser le commerce intra-africain, qui reste modeste malgré l’établissement de la Zlecaf en 2021.
Rebecca Grynspan, secrétaire générale de l’ONU Commerce et Développement, encourage une harmonisation des politiques économiques entre les nations africaines. Les domaines du commerce et des infrastructures doivent être prioritaires. Une telle démarche pourrait non seulement approfondir les échanges, mais aussi engendrer des opportunités économiques, surtout dans les secteurs industriels comme la construction, le packaging et le textile.
En consolidant le tissu industriel, les pays d’Afrique peuvent également formaliser leur économie, affirmant une croissance stable et inclusive. Cette transition est essentielle pour garantir la durabilité des économies africaines et leur capacité à résister aux crises futures.

Recommandations pour un avenir durable
Le rapport de la CNUCED propose des actions clés pour renforcer l’intégration économique en Afrique. Tout d’abord, il est crucial d’investir dans les infrastructures logistiques qui constituent un frein à l’atteinte des objectifs de la Zlecaf. Des systèmes de transport et de communication performants sont nécessaires pour faciliter le commerce intra-africain et accéder plus facilement aux marchés.
La diversification économique est également indispensable. Les pays africains doivent atténuer leur dépendance aux ressources naturelles en développant d’autres secteurs, notamment l’agriculture, l’industrie manufacturière et les services. Cela requiert des réformes audacieuses et des investissements stratégiques pour stimuler l’innovation et la création d’emplois.
En outre, la digitalisation se présente comme une voie prometteuse pour revitaliser l’économie. Le e-commerce, par exemple, pourrait ouvrir de nouvelles possibilités pour les entrepreneurs africains et faciliter l’accès aux marchés internationaux. En adoptant ces recommandations, l’Afrique aurait non seulement les moyens de surmonter les crises actuelles, mais aussi de bâtir un futur économique résilient et inclusif.
Vers une réflexion collective
Les enjeux soulevés par le rapport 2024 de la CNUCED sont vitaux pour l’avenir économique de l’Afrique. L’intégration économique est bien plus qu’une simple stratégie de croissance ; elle est essentielle pour assurer la stabilité et la prospérité du continent. Face à des défis inédits, il devient crucial de réfléchir à des solutions collectives et durables.
Les recommandations de la CNUCED offrent une feuille de route solide pour avancer dans cette intégration, mais leur réalisation demandera un engagement fort de la part des gouvernements, des entreprises et de la société civile. Comment les pays africains peuvent-ils surmonter les obstacles à cette intégration économique ? Quelles actions concrètes pourraient être mises en œuvre pour assurer que tout citoyen en bénéficie ? Ces questions méritent une attention particulière alors que l’Afrique navigue vers un avenir incertain mais plein de promesses.